Comme prévu, la suite de la remise en ordre du cafoutche !
"Même pas mal". Cela aurait pu s’intituler : "aimer notre enfant, savoir lui dire oui et non".
L’enfant provoque pour avoir une réponse claire. Pour imager, son cerveau ressemble à un code pénal. A droite il y a la page « bêtise à éviter » et sur la page de gauche c’est « bêtise à refaire » selon la réponse des adultes. Pour remplir son code pénal, l’enfant vérifie régulièrement les limites.
Petit historique : depuis 1987, l’autorité parentale est conjointe. Auparavant, seul le père avait ce droit. La figure paternelle était toute puissante. Selon Jean Epstein, c’est une période qui a fabriqué des enfants inhibés et/ou rebelle (je ne peux que cautionner)…mais dans le code pénal des enfants il y avait, tout de même, moins de « bêtises à refaire » car l’interdit était clair.
Aujourd’hui, les parents se posent trop de questions : « Faut-il sanctionner ? Quand ? Comment ? Qui ? ».
Il faut savoir que c’est son boulot, à l’enfant, de faire des essais en attendant de savoir si c’est possible ou non. Tout simplement, c’est sa façon d’apprendre le monde dans lequel il vit.
Jean Epstein, prend pour exemple une section de « moyens » en structure collective petite enfance type multiaccueil et il en profite pour nous souffler que les inter-sections (ou au mieux les décloisonnements, c’est mieux). Donc vers 12-18 mois, l’enfant en section de « moyens » est dans une phase capitaliste, tout est à lui. Le fameux « c’est à moi ». Tous traversent cette période plus ou moins intensément et démonstrativement.
Je tiens à préciser que c’est laborieux de trouver un sens à mes notes, c’est vraiment parti dans toutes les directions.
La transition à ce niveau de ma compréhension se fera avec le rôle des adultes dans cette période sensible. C’est à dire d’aider l’enfant à supporter la frustration qui est inévitable. L’enfant se construit sur l’amour de ses parents en premier lieu, mais surtout sur le fait qu‘il a besoin d’être aimé tel qu’il est et non pas tel que l’adulte souhaite qu’il soit. C’est primordial. Jean Epstein parle d’IVF = interruption volontaire des fantasmes ; un enfant a besoin que l’adulte le sorte de son EGOcentrisme. Quand un enfant roi, auquel aucune limite, aucun interdit n’a été signifié, est maintenu dans sa phase de toute-puissance qui ne faiblit pas, cela peut conduire à des déviances tragiques telle que la construction d’un individu pervers narcissique.
Comment cela ? Didier PLEUX a écrit des ouvrages à ce sujet. Des études sont, actuellement, en cours pour montrer la corrélation entre l’enfant-roi et l’adulte pervers narcissique. Il s’agit d’une « maladie psychiatrique » (après plusieurs lectures, Il semblerait que les spécialistes soient en désaccord sur le terme maladie) qui touche 8 à 10% de la population française (autant de femmes que d’hommes, dans toutes les catégories sociales). Le « malade » se caractérise dans la jouissance à humilier l’autre. C’est une structure de personnalité de prédateur qui chasse ses proies. Une fois la proie ferrée, elle est isolée de son entourage familial, amical, professionnel…puis vient le harcèlement, les humiliations. L’autre n’est rien et le pervers se place toujours en victime. En résumé, le pervers narcissique dupe tout son entourage, même ses enfants. Précision : tous les pédophiles sont des pervers narcissique, l’enfant constituant un objet.
D’où l’importance, dans la petite enfance, de jouer et de perdre, d’apprendre que l’échec fait partie de la vie. Or si un enfant n’entend jamais d’interdit, n’expérimente pas le refus, l’essai-échec, il peut rester dans une toute-puissance destructrice.
Jean Epstein parle de 9 apprentissages de la petite enfance avec une session de rattrapage à l’adolescence. Il les développe dans son écrit à destination des assistants maternels (c’est un grand fan des asst mat):
l’assistante maternelle et les violences (dommage qu’il ait oublié le métier au masculin).
Selon lui : « tout se joue avant la mort, ou presque…pour les croyants » (clin d’œil à Dodson). Contrairement à la légende selon laquelle l’adolescent est en crise, Jean Epstein pense que ce qui caractérise l’adolescent c’est d’être double : enfant et adulte. Il peut se lever adulte, se coucher enfant et inversement. L’adolescent traverse une période de paradoxe et de fragilité. Dommage que la société focalise son regard sur la délinquance car 3/4 des adolescents vont bien. Jean Epstein ne sait pas trop ce qu’est un adolescent, car il rencontre souvent des parents ado et des enfants adultes. L’adolescent fait des recherches, comme le bébé « capitaliste ». Il vérifie à nouveau les limites, il les repousse et attend la résistance des adultes sur ce qui est possible de repousser ou non. Et au passage, il vérifie qu’il a bien les parents « les plus nuls ».
C’est pareil pour la famille, elle n’est pas en crise, elle est en mutation, en progrès, en évolution. Jean Epstein évoque « radio nostalgie » avec humour s’agissant des « grands-parents d’avant ». Or, des statistiques montrent qu’en 1960, 5% des enfants avaient leurs 4 grands-parents vivants, en 1980/47% et en 1990/61%. Ceux qui regrettent la « disponibilité des grands-parents d’avant » oublient qu’ils étaient la plupart décédés. Aucune comparaison n’est possible avec aujourd’hui : les grands-parents sont actifs. Le rôle des grands-parents a évolué, souvent il s’agit d’une session de rattrapage des figures paternelles toute-puissante/casse-pieds qui deviennent des grands-père ultra-cool. Le rôle essentiel des grands-parents c’est de ne pas être les parents.
Le souci de la famille d’aujourd’hui, c’est qu’elle est isolée. D’où la nécessité pour les professionnels de la petite enfance de faire passer de l’information pour que les parents se sentent compétents. Notre mission est de valoriser leur rôle et leur place. Les parents d’aujourd’hui sont des pionniers. Le père, par exemple, a plus d’autorité dans le jeu que dans l’autoritarisme. Le père gagne plus lentement mais sûrement son autorité en jouant. La place de l’enfant n’est pas centrale. Le rôle de l’enfant est d’être l’enfant de ses parents et en aucun cas un copain, un conjoint, ni un parent. J.Epstein aime à rappeler que l’enfant est chez nous, il n’est pas chez lui. Il a certes, sa chambre, mais dans notre espace. Si l’enfant est au centre, il devient difficile de sanctionner.
Jean Epstein illustre son propos avec cette anecdote : il a été interviewé par une journaliste enceinte, fière de lui apprendre que c’était son fils aîné qui avait choisi le prénom de sa sœur à venir. Il avait aussi assisté aux échographies (depuis c’est interdit). En discutant avec lui, Jean Epstein avait appris que ce n’était pas une petite sœur mais une fée que sa mère attendait : la fée « Tus ». Il avait entendu l’échographe parler de fœtus.
Je m’arrête là pour cette première partie. Je pense que si ça devient trop long, je modifierai les écrits déjà parus en faisant des ajouts. Je travaille sans trop de méthode. Merci de me pardonner ces hésitations. A bientôt pour la suite.