Le mois d’août a été tellement chaud que je n’ai eu aucun courage de finir un livre sérieux. Même à temps partiel, j’étais trop cuite pour finir la soirée avec un bouquin qui demande réflexion.
Récemment, j’ai reçu un livre jeunesse des années 90. La première fois que je l’ai vu, c’était en faisant un tri dans un tas de vieilleries pour vider la réserve d’un EAJE. Le titre m’avait consternée. Pour « rire » je l’avais lu à une collègue et je l’avais caché dans le tas de livres trop abîmés pour être entre les mains d’enfants de moins de 3 ans. Et puis, je l’ai oublié.
En faisant des recherches de livres d’occasion sur différents thèmes, je l’ai reconnu. J’ai voulu lire les commentaires sur le net. Ça m’a donné envie de l’acquérir. Tellement étonnée que les uns adorent et les autres détestent. Pour 2 francs six sous, le voilà dans ma petite collection (qui commence à s’agrandir, oups) !
En lisant, je me suis surprise à sourire. L’enfant de cette histoire est, comme la majorité des enfants, vraiment attachant, chiant, attachiant. Son imagination n’a aucune limite, sinon celles du cagibi. Ses idées pour s’y faire envoyer frôlent l’ingéniosité.
Comme il est fait mention ouvertement de ce qui se nomme Violence Éducative Ordinaire, en 2018, j’en profite pour blablater sur ce sujet sulfureux. C’est suffisamment grave, puisque ce pourrait être l’origine de plusieurs formes de violence, voire de la Violence tout court.
Simon se fait PUNIR par retrait dans une toute petite pièce sombre, un placard. Je doute que ce soit pour qu’il se calme et réfléchisse, c’est simplement une mise à l’écart. J’ignore son âge, il me semble jeune, il parle de manière compréhensible. Tout le long de l’histoire Simon est chez lui, avec ses parents. Entre ses parents et lui, il y a très peu de dialogues, à part « vilain garçon, puni-cagibi ! »
Les parents sauvent presque la mise en s’infligeant la même punition, de leur plein gré, mais Simon finit par les faire craquer. Cela dit, cet enfant est souvent seul. Qu’il soit envoyé dans le salon, la salle de bains ou les toilettes, il n’y aucun mots mis sur les actes et leurs conséquences, aucun accompagnement. Il est libre de faire les pires expériences possibles. Logique.
C’est ça qui est formidable dans les histoires, TOUT EST POSSIBLE mais s’il fallait préciser : TOUT EST IRRÉEL !
Je suppose que des enfants qui ont le temps de faire des « bêtises » aussi élaborées sont silencieux pendant un temps suffisamment suspect. Dans ma vie de mère, le silence est une alarme, autant que les cris. Au moindre doute, je bondis. Surtout à partir du moment où bébé/Chérubin se déplace. Je me souviens avoir visionné des vidéos des « pires bêtises » d’enfants et c’est difficile de garder son sérieux. Quand deux enfants se sont dessinés sur tout le corps et que leur papa essaie une tentative d’autorité alors qu’il est plié de rire, c’est communicatif ! Combien de temps il leur a fallut à ces deux chenapans pour être recouverts de feutre/peinture (j’ai oublié) des pieds à la tête ?!
Junior bis a demandé à ce que je lui lise l’histoire deux fois. Il a fait peu de commentaires. Il a dit qu’à l’école il y avait des punitions mais à la maison « vous me puniez pas« . J’ai expliqué que nous préférions dialoguer, expliquer et lui demander de réparer quand c’est possible. A l’école, la menace c’est d’aller dans le bureau d’Untel…parce que c’est le directeur ? parce que c’est un homme ? Je me souviens, en EAJE, je proposais aux enfants (les plus grands) qui avaient atteint leur seuil de tolérance des temps collectifs, d’aller dans le bureau d’Unetelle, la directrice. J’expliquais que le trajet permettrait de se détendre et que je resterais avec lui ou elle pour discuter à 3. Jamais je ne parlais de punition. Au contraire, c’était une opportunité de sortir d’une émotion envahissante et de poser des mots. Ils finissaient par réclamer d’aller discuter avec Unetelle et moi dès qu’ils sentaient que c’était difficile pour eux.
En France, la punition est une valeur-sûre. C’est dommage et dommageable car la sanction est bien plus constructive. Ici ce qu’en dit Jean Epstein.
Punir un enfant de moins de 5 ans (immaturité du cerveau) s’avère comme pisser dans un violon et même pire puisque lourd de conséquences sur la construction identitaire, l’estime de soi et la confiance en les autres. Punir après 5 ans ne semble jamais porter de fruits que ceux de la rancœur. Personne ne pourra dire qu’il l’ignorait.