C’est la saison des fêtes et j’ai bien conscience que très peu de personne comprennent ou font l’effort de comprendre mon point de vue déjà écrit là : les fêtes dans les EAJE,. Je me permets donc une clarification.
Ce que je pense de Noël n’a aucune importance. Si vous saviez à quel point j’aime ce temps de fête et pourquoi je n’y participe plus tel que je l’observe par notre société… mais ce n’est pas le propos. J’ai opté pour une autre vision et elle me reste personnelle. Ce qui compte c’est mon point de vue professionnel. Il s’agit du regard des professionnels qui résistent au changement, par leur subjectivité et souvent éloigné des étapes du développement de l’enfant.
Noël, admettons-le a une origine purement religieuse (dans le sens « relier à des croyances »). L’origine c’est la naissance, celle du soleil invaincu avant la christianisation et celle de Jésus-Christ ensuite. Ce temps de célébration fait partie des traditions depuis longtemps (pour faire simple) et depuis le 12ème siècle sous l’appellation Noel (le trema est arrivé plus tard. L’historique est passionnant).
Reste l’arbre de Noël qui semble garder une origine païenne bien qu’un rapprochement soit fait avec l’Arbre dans le jardin d’Eden.
Quand j’entends que le Père Noël fait partie de notre culture et bien je suis désolée mais si notre culture date de l’entre deux guerres, concernant le gros bonhomme blanc et rouge, et qu’elle a été largement modifiée par là où elle est passée alors c’est presque insulter nos racines judéo-chrétiennes !
@jout/Aparté : » Il aura fallu attendre 1931 … et Coca Cola !
La firme Américaine a eu le génie de demander à Haddon SUNDBLOM de dessiner ce vieux bonhomme (dont la renommée grandissait la-bàs) en train de boire du Coca Cola pour reprendre des forces pendant la distribution de jouets. Ainsi les enfants seraient incités à en boire durant l’hiver. Le dessinateur l’habilla aux couleurs de la célèbre bouteille de Coca Cola : rouge et blanc. Ce nouveau look et la renommée que lui valut la publicité, firent du vieux bonhomme le maître planétaire de la nuit magique, le Père Noël. »
Et oui qu’on le veuille ou non elles sont là nos racines (en France) : dans deux religions. Notre calendrier est grégorien (son instigateur est, entre autres, le pape Grégoire XIII) il suit donc les fêtes religieuses, reprises des fêtes païennes. C’est un syncrétisme très intéressant à étudier. Dommage que cela divise tant de personnes qui confondent laïcité et traditions. D’autres me disent que la crèche est culturelle, certes c’est une tradition bien plus ancienne, reste qu’elle est religieuse et appartient à l’univers familial. De quoi se mêle t-on ? J’entends souvent : « oui mais le mot « crèche » est donc religieux, alors travailler en crèche ce n’est pas laïc »… désolée de décevoir mais une crèche c’est tout simplement une mangeoire pour animaux. J’ai peu de temps pour pousser mes recherches de l’historique du mot crèche dans le secteur de la Petite Enfance, je n’ai donc rien trouvé. J’ignore si l’appellation « crèche » est liée à l’histoire du petit Jésus. Si quelqu’un en sait plus, ça sera intéressant à lire.
Je n’ai rien contre le Père Noël (à part son lien très mercantile avec l’industrie du jouet made in China) mais soyons honnêtes, même si ce personnage est moins présent des trois premières années de la vie des jeunes enfants, ils s’en remettront. Surtout qu’il est impossible qu’il soit absent car il est omniprésent en fin d’année ! C’est sa présence en EAJE que je questionne. Est ce indispensable ? Et au nom de quoi ? Sûrement pas la tradition. Car là encore c’est religieux : Saint Nicolas est en effet son ancêtre direct, et on peut pousser plus loin dans le passé, les rois mages sont une origine de ce personnage.
Quid du plaisir des professionnels ? C’est vrai que l’ambiance des fêtes de fin d’année donne envie aux adultes de décorer, de se faire plaisir. Personne n’est contre. Pensons juste à la cohérence du positionnement d’une équipe et les enfants s’y retrouveront.
La laïcité dans un EAJE c’est, pour résumer, le fait de ne privilégier aucune religion au détriment d’une autre ce qui implique donc la neutralité, notamment du service public. Aucune distinction ne peut être faite. C’est très clair. Il y a suffisamment de thèmes pour contenter tout le monde : la nature, l’hiver, la neige, les animaux, etc.
C’est juste une intuition de ma part. Je ressens que de vivre juste pour faire et consommer est très éloigné de notre nature. Faire parce qu' »on a toujours fait comme ça » me met mal à l’aise. Je me rebelle ? Non, je questionne. Souvent il m’est répondu que je me masturbe le cerveau…si réfléchir c’est ça, alors oui mes méninges cherchent à comprendre.
J’ai vraiment la sensation que nous nous sommes perdus dans le capitalisme. Si la magie de Noël c’est dévaliser les magasins, acheter, manger trop, être déçu de ses cadeaux (cf : e-bay et leboncoin le lendemain des fêtes)…alors très peu pour moi et encore moins avec les jeunes enfants.
ça me navre de voir circuler des catalogues de jouets dans les structures, franchement quel intérêt ? On me rétorque que c’est dommage de les priver de tout ça. Sérieusement ? Observons mieux, parce que sincèrement ils s’en passent largement. Les EAJE ont aussi pour vocation d’élargir l’horizon culturel des enfants. Il y a de quoi faire, lire, partager et transmettre rien que dans la littérature jeunesse.
Pour conclure, nulle part je n’ai écrit qu’il fallait occulter le folklore. Ce que je propose c’est de rester impartial. « Mais on n’est pas des robots, on est des humains ». Certes, qui parle de déshumaniser la Petite Enfance ? Sûrement pas la psychologie ni la psychopédagogie. Il est demandé de rester professionnel, de réfléchir et de se réajuster si nécessaire, ni les robots ni les inhumains ne peuvent le faire.
De tout mon cœur, je vous souhaite de merveilleux moments en famille et entre amis. Pensons aussi à ceux qui n’ont rien, c’est aussi un des messages de Noël.