Attention, écrit qualifié de « un chouïa radical ». Je l’admets. Fidèles du « père noël mercantile », s’abstenir 🙂 Si vous vous sentez jugés, c’est indépendant de ma volonté et c’est très très très loin d’être mon intention.
@jout : il y a ceux qui sont intrigués, d’autres choqués, d’autres qui trouvent cela lassant. Mon intention est de montrer que le monde entier, et plus localement la France entière, n’a pas forcément envie d’utiliser ce personnage comme « référence pédagogique » ou comme « outil de stabilité » en ces temps de fêtes et de fatigue, (pour reprendre les termes d’une internaute). Pendant des années, le monopole du personnage du père noël a pris de l’ampleur. Je l’ai observé. Pourquoi pas ? Mais si des voix s’élèvent pour dire que la magie de Noël c’est bien plus… Sans faire croire ? (c’est le nœud qui fâche). Je suis, neurologiquement, simplement, incapable de dire qu’un personnage fictif existe pour de vrai. Il semble que d’autres personnes ressentent cette envie de rendre à Noël son authenticité. Le père noël peut en faire partie ou pas. Chacun est libre. Ce que je défends c’est le droit de le dire, de le vivre…Pourquoi dans certains EAJE, à l’école, dans les rues, dans les magasins tout est conçu pour que les enfants aient à peine le choix de décider par eux-mêmes…? Ils sont presque obligés d’y croire. Y croire est devenu comme une évidence, une obligation. Sans plus aucune réflexion. Et si je veux remettre en question ce simple point, il m’est répondu que je suis fermée et que le débat est inexistant…
Un jour de discussion pause-déjeuner sur le Père Noël, j’avais dit à une collègue : « on dirait qu’il est intouchable le Père Noël, comme Dieu le Père presque ! » Elle m’avait répondu que j’exagérais. Comme souvent, il parait.
Le père con-sommation
Mais pour y revenir, le temps d’un court bla bla…Est-ce que j’exagère vraiment ?
En ce moment sur FB je vois fleurir des statuts imagés comme celui-ci :
C’est sûrement de l’humour. En tous cas, ça semble amuser la galerie.
Et quand je vois ça, je suis dépitée pour les enfants dont les parents le font réellement ce chantage.
Pour quelles raisons ce chantage ? Pour obtenir la paix, la tranquillité, la sagesse (le summum, déjà peu atteint par les adultes alors quand un enfant y parvient, youhou!! chapeau !! bravo !!!) ? Donc, des parents ont besoin du père Noël pour obtenir des comportements de leur enfant…ça laisse songeur.
Ok. Trève de plaisanterie.
Je me mets à la place des enfants (et je me sens très mal à l’aise) :
« Mes parents ont décidé (pour mon bien, sans doute) de me faire croire à un personnage de légende contes et histoires. Si, si, ils ont même insisté. Ils m’ont dit qu’il existe pour de VRAI, en dehors du pays imaginaire. C’est à dire qu’il vit au Pôle Nord. Toute l’année, il exploite fait travailler des petits chinois des lutins qui fabriquent des jouets.
Le Père Noël, il s’introduit chez moi le 25 décembre par effraction à partir de minuit, pour m’offrir les cadeaux que je lui ai commandé par courrier. Seulement si j’ai été SAGE et seulement si je DORS et surtout si je CROIS en lui…Et dès le mois de novembre j’ai intérêt à l’être sinon mes parents, grands-parents, oncles et tantes et même cousins, me le disent tous les jours : « arrête tes caprices, sinon le Père Noël t’oubliera dans sa distribution ! » A côté de ça, Peter Pan, la fée clochette, Spiderman, la sorcière de la rue Mouffetard, eux, n’existent que dans mes pensées, mon imagination et dans les livres. Et tous les autres personnages des histoires, contes et légendes aussi. »
Ça fait rêver…?
J’essaie de me mettre à la place des parents et euh… ça m’est impossible !
Qu’est-ce qui me motiverait en tant que mère de prendre ainsi mon enfant pour un con être encore plus crédule qu’il ne l’est déjà !? Pour le faire rêver ? Est-ce indispensable de croire pour rêver ?
Certains verront dans mon énième blabla à ce sujet, un reste de rancune envers ma famille. Bah non, personne ne m’a dit qu’un gros monsieur habillé en rouge et blanc déboulerait par la cheminée (que nous n’avions pas) pour déposer des cadeaux sous un sapin.
Alors de la rancœur de n’avoir jamais vécu ces moments magiques grâce au Père Noël ? Non plus. J’ai vécu des moments très joyeux autour de Noël, sans la présence pseudo-indispensable de Barbe Blanche. Si j’écris ce que je ressens, c’est simplement parce que ça sent trop l’hypocrisie tout ça. La sincérité, l’honnêteté, l’authenticité sont pourtant des valeurs de Noël…Enfin il me semble. Récemment, j’ai revu le Pôle Express et c’est ce que j’en ai compris. Après l’avoir regardé, ça ne m’a pas traversée l’esprit de dire à mes fils que c’est réel, même si c’est souvent répété dans le film.
Ce qui est réel, c’est ce que ça fait naître dans nos cœurs : amour et partage.
Or, depuis que chacun veut son sapin dans son salon, la déforestation fait rage…
Depuis que chacun veut toujours plus de cadeaux, ils sont fabriqués en Asie, dans des conditions que nous ne voulons pas connaître…
Depuis que chacun veut son orgie repas dans sa famille avec tout le rayon du supermarché sur la table…Je vous laisse vous rappeler ce que notre individualisme a pu créer. Tandis qu’à l’instar de la petite marchande d’allumettes, des sdf meurent dehors…
L’esprit de Noël (à mon sens), c’est croire en soi, en les autres. En un monde différent, de partage, de solidarité et d’amour désintéressé et surtout d’agir pour cela.
C’est aussi véhiculé par un monsieur barbu ? Soit. Un beau personnage qui fait partie d’une ribambelle d’autres personnages tout aussi « magiques ». Son histoire est une belle histoire à raconter, parmi tant d’autres. J’ajouterai que ce monopole m’écœure vraiment, depuis qu’il est associé à cette fameuse course à la consommation (notamment le black friday, pour faire le plein de cadeaux de Noël).
"Le Père Noël n'est pas le seul attendu Dans le monde en décembre : Saint Nicolas et le Père fouettard, la sorcière Befana, Les rois mages, sainte Lucie, le Père Gel, Basile de Césarée..."
Je ne revendique rien du tout (ah si, le droit de parler du PN comme d’un personnage folklorique non réel). Mon propos est loin de vouloir détruire des « croyances »… J’expose simplement le fait qu’il est possible de vivre un authentique Noël, sans mensonges et avec de la magie ! S’ouvrir sur plusieurs histoires est une richesse.
Aparté/digression : quand on y réfléchit, cette avancée et diffusion massive d’un seul personnage, ça rappelle des moments sombres de notre histoire…
Les enfants méritent encore plus notre présence à Noël. Plus que celle, éphémère, d’un personnage fictif.
Pour finir, une vidéo de ce que veulent vraiment certains enfants pour Noël :
Un peu de sociologie :
« Ce n’est pas un être mythique, car il n’y a pas de mythe qui rende compte de son origine et de ses fonctions ; et ce n’est pas non plus un personnage de légende puisque aucun récit semi-historique ne lui est attaché. En fait, cet être surnaturel et immuable, éternellement fixé dans sa forme et défini par une fonction exclusive et un retour périodique, relève plutôt de la famille des divinités ; il reçoit d’ailleurs un culte de la part des enfants, à certaines époques de l’année, sous forme de lettres et de prières ; il récompense les bons et prive les méchants. C’est la divinité d’une classe d’âge de notre société (classe d’âge que la croyance au Père Noël suffit d’ailleurs à caractériser), et la seule différence entre le Père Noël et une divinité véritable est que les adultes ne croient pas en lui, bien qu’ils encouragent leurs enfants à y croire et qu’ils entretiennent cette croyance par un grand nombre de mystifications. »
Claude Levy Strauss.