(Réédition du 29/04/13/Blogspot)
La question va vite être réglée du point de vue professionnel : il est INTERDIT de frapper, fesser, taper…et malmener un enfant dans tous les lieux d’accueil et fort heureusement !!!
Personnellement, je suis encore vivante pour en parler, c’est donc que ça ne tue personne. Évidemment ! A part recevoir des coups jusqu’à ce que mort s’ensuive, on ne meurt pas d’une fessée ou d’une gifle. Et alors ? Ai-je trouvé ça agréable ? Pas vraiment. Ai-je compris la leçon ? Non plus. Rien que d’être menacée de recevoir des coups de ceinture m’a traumatisé. C’est vous dire que c’était incompatible avec mon caractère et ma personnalité.
Résultat, je suis restée peureuse, méfiante, soumise et obéissante, pendant des années, sans parler de l’anxiété que cela engendre. Je fais partie d’une famille où les enfants ont été élevés par des pères autoritaires, encore très impliqués dans un système patriarcal : la femme et les enfants devaient surtout se taire. C’était à se demander quel était réellement le sens de la famille.
Je ne suis ni pour ni contre la fessée. Comme beaucoup de choses dans notre société, je ne comprends pas la fessée. Pourquoi y avoir recours ? ça me dépasse. J’assimile les gestes de ce type (fessée, claque, gifle…) à de l’humiliation.
A chaque fois que j’en ai reçu (pas tant que ça), j’ai éprouvé de la honte et une colère très forte puis de la rancœur devant tant d’injustice. Jamais, je ne me suis dit que je l’avais bien mérité. Pourquoi ? D’une part, parce qu’on ne m’a pas souvent précisé pour quelle raison j’en recevais. Une fois, on m’a expliqué et je n’ai quand même pas compris la claque en supplément. L’explication aurait largement suffi. De mon point de vue d’enfant, la claque était vraiment de trop. J’ai craint cette personne le restant de ma vie d’enfant. Pour établir des rapports de confiance, il faut ramer après !! D’autre part, parce que ça fait mal, bon sang !
Depuis quand la douleur est-elle éducative ??
Et pour les phrases-clichés ‘ce qui ne tue pas nous rend fort’ et ‘qui aime bien châtie bien’, je me permets de dire qu’il ne s’agit que de fausses excuses, décontextualisées qui plus est !
En réponse à Mme Chirac qui déclare : « quand un enfant est odieux, une bonne fessée, ni trop forte ni trop longue, ne lui fait pas de mal ». Bah voyons, il y a des ‘bonnes fessées’ et il est possible de les doser ? Alors c’est pire, ce n’est même plus un geste spontané c’est intentionnel MAIS surtout à quoi ressemble donc une « mauvaise fessée » !!!???
Quant au terme ‘odieux’ dont le sens premier est très fort (Qui excite la haine, l’aversion, la réprobation, l’indignation) dont le deuxième sens -un peu plus acceptable- concernant l’enfant (par hyperbole : qui a un comportement très désagréable, qui irrite.) et bien quitte à me répéter, il serait plus judicieux de comprendre pourquoi un enfant a un tel comportement que de l’en châtier.
Les spécialistes en parlent mieux que moi. Certains prônent la discipline et la sanction mais jamais jusqu’à la punition corporelle.
Un enfant est un individu en devenir, donc en construction.
Selon mon expérience, se construire dans la crainte, la menace et le châtiment, ça donne des individus qui vont devoir mettre les bouchées doubles pour un jour réussir à vivre sereinement. Donc, je ne remercie pas les personnes qui, encore en 2013, sont partisanes de la « correction corporelle », de la fessée dite « éducative » sûrement pour ne pas culpabiliser…
La violence et la maltraitance n’aideront pas les générations futures à se concentrer sur autre chose que leur âme blessée.
Avis de Stephan Valentin, psychologue
Voici un petit commentaire que j’ai essayé de publier ailleurs (en vain).
Rappelons juste cette phrase aux effets délétères de je ne sais plus trop quelle personne en vue : « Quand un enfant est odieux, une bonne fessée ne lui fait pas de mal ». Plus qu’un permis de battre, il s’agissait bel et bien d’une incitation explicite à coups et blessures volontaires et répétés par personne ayant autorité sur être vulnérable (voir le tarif dans le Code pénal).
Les temps ont changé, et les enfants restent désormais les seuls êtres vivants que l’ont peut battre impunément. La lâcheté a la peau dure. Il faut lire de toute urgence (entre autres) : Catherine Gueguen (pour une enfance heureuse) ; Olivier Maurel (La Fessée et autres œuvres majeures) et surtout les 6000 pages d’Arthur Janov qui, depuis cinquante ans, répare d’anciens enfants dont le système nerveux a été bombardé à coups de fessées et autres humiliations.