Je commence, avec joie et enthousiasme, un partenariat virtuel avec Superliposés et plein d’autres blogueurs. Le thème mensuel est « les enfants et les écrans« .
C’est aussi la 7ème semaine sans écran dans une école près de chez moi !
Je suis honnête, mon avis subjectif est transparent sur Planète EJE : Mon rapport aux écrans pourrait être pathologique. J’en restreint l’usage et la possession afin d’en conserver une utilité organisationnelle. Ils me servent aussi de source d’information (en rapport avec mon métier et mes loisirs seulement). Je préfère en éloigner une partie (TV, tablette) sinon je deviens dépendante…j’ai 39 ans, imaginez un enfant !
L’interdiction c’est un vilain gros mot depuis mai 68, alors parlons de vigilance, attention, « permission, consignes, respect qui aident à savoir comment faire ceci ou cela en toute sécurité » comme le dit si bien Isabelle Filliozat.
Parce que ma crainte principale c’est que mes enfants, les enfants, nos enfants deviennent cyber-addict, déconnectés de leurs pairs, de leurs semblables, de la nature ou PIRE qu’ils se transforment en mut@nts…
Wall-E
Je me répète sûrement mais AVANT 3 ans, l’enfant a bien d’autres découvertes à faire que celle des écrans. De toutes façons, le jeune enfant de ce millénaire grandit au milieu d’écrans. De fait, il les côtoie dans son foyer, dans la rue, dans les lieux publics.
Ma question est simple : pourquoi faire entrer les écrans dans les lieux destinés à l’éducation ? Parce qu’on leur apprendrait à en faire BON usage ? Je suis sceptique. Personnellement, vu mon degré d’addiction, j’ai intérêt à déléguer la tâche à des collègues. Je trouve que nous sommes trop suffisamment assis dans notre vie pour ajouter des « activités » qui ne demandent rien d’autres que de bouger les yeux et les doigts, voire un seul doigt.
La télévision, les tablettes, les téléphones n’ont rien à faire dans l’environnement éducatif des enfants en EAJE (Etablissement d’accueil du jeune enfant). La motricité libre, le Jeu, les interactions, la découverte de la nature, l’observation… et même l’ennui/le rêve ! sont des temps suffisamment remplis de possibilités d’apprendre et de grandir pour l’Enfant qui se construit par l’expérience.
Que proposer à mon enfant qui visiblement s’intéresse beaucoup aux écrans, me direz-vous ? Et bien, ce que nous faisions avant que les écrans n’envahissent nos vies.
Chez moi, le cadet de 14 mois, nous subtilise régulièrement nos téléphones quand ils sont à sa portée. Il joue avec, il sourit quand il parvient à allumer l’écran, il tapote dessus et nous regarde. Bref. Je suis mécontente, je lui dis. J’évite de lui interdire pour que cet objet reste banal, ainsi il ne fera pas de fixette dessus.
Il y a beaucoup de liens sur cet article, j’ajoute en plus ceux des autres blogs qui publient sur le même sujet afin de diversifier nos points de vue. Bonne lecture à tous !
Comment allons-nous faire pour passer de la théorie à la pratique sans LA PASSERELLE entre les deux ??? c’est que parfois il y a un abîme !!
La nouvelle m’a été transmise ce soir par un des anciens modérateurs du site. Merci à lui pour le partage.
J’ai du mal à trouver le sommeil du coup.
C’est toute ma formation qui m’est revenue en mémoire. J’ai découvert cette mine d’or en reprenant des études à 28 ans . Ces trois années d’études, d’échanges, de questionnements collectifs. De belles années pleines de souvenirs !
Cette disparition, c’est comme un coup de massue. Je pense que c’était le premier site ressources des EJE. En tous cas pour moi, rien n’est comparable, même aujourd’hui !
Mon fils aîné me disait pendant le dîner- alors que je m’interrogeais sur l’intérêt de pirater un site d’informations, d’échanges et de partages gratuits : -« mais maman, les pirates informatiques n’ont aucun scrupules, comme les bandits ». Sans doute. Ça restera inexplicable. Je suis sidérée par ce genre d’acte méchant et inutile…
Freia, Zeia et tous les autres nous manqueront. Je sais l’ampleur du travail pour réitérer l’expérience d’un site de cette envergure…ce serait pourtant si beau de partir tous ensemble pour une nouvelle aventure…
Je partage ici le texte de Freia, la créatrice du site :
« Très chers matelots,
Notre bateau vient de sombrer, sans laisser aucun signe de vie…Internal Serveur Error…
Rien de ce travail collectif, de nos échanges, des dossiers n’a pu être sauvé…
Aucune trace du si riche contenu de Passerelles EJE… le bateau s’est fait attaquer par une bande de pirates sans vergogne, qui ont réussi à cracker le serveur…
Abasourdie par la disparition de notre site, de votre espace de paroles…sans même pouvoir l’anticiper…vous informer de cette bien triste réalité a été pour moi une priorité.
J’en profite pour remercier très sincèrement Sébastien, qui m’a rapidement contactée en me proposant son aide.
Encore un grand MERCI à tous les matelots, tous les modos qui se sont succédés, tous nos contacts dans les pays francophones, tous nos partenaires et Zeia, vous tous grâce à qui Passerelles EJE a pu voguer sur de bien belles mers!
Merci pour toutes ces belles rencontres, ces instants partagés, ces opportunités offertes, cet éclairage sur notre métier, tout ce temps que vous avez donné pour faire avancer avec moi le bateau.
La Passerelle venait d’avoir 10 ans…. Elle restera une très belle aventure humaine…
Je ne réalise toujours pas sa brutale disparition!
Quand on est EJE, je dis ON car je pense que nombreux sont les EJE à partager ce point de vue (pas tous, mais quelques-uns…) donc quand on est EJE, en général, on aime beaucoup beaucoup les livres.
Quand j’entends que « celui-ci » ou « celui-là » n’est pas/plus « adapté » et bien ça m’agace.
Dans le secteur jeunesse, je ne mets aucune tranche d’âge. Le lecteur, de sa naissance à sa mort, a la liberté de lire ce qu’il veut !!!
De quel droit un adulte déciderait à la place d’un enfant ? ça vous plairait que quelqu’un vous impose une lecture ? C’était déjà bien suffisant durant notre scolarité !
La lecture, les livres, ce n’est pas forcément par étape, par thème, par acquisition, par événement.
Par exemple, si un enfant veut lire
alors qu’il ne porte plus de couches depuis longtemps, pourquoi pas ? Quelle est la contre-indication ?
Un enfant a des questionnements, des envies qui nous échappent. Parfois, il les gère seul (au moyen d’histoires) et c’est très bien.
Je vous partage les droits des lecteurs selon Daniel Pennac :
Belles lectures à tous !!!
Mon livre préféré en littérature jeunesse : (et Cadet de presque 4 ans, l’écoute avec plaisir depuis longtemps !)
J’y vois l’intérêt pour le très jeune enfant (et encore…) et je constate une dépendance, qui m’inquiète parfois, quand l’enfant grandit.
Pour ma petite histoire : je l’ai proposée à mes deux fils. Par mimétisme pour l’aîné. C’était évident de l’acheter, en plusieurs exemplaires, avant la naissance et de la proposer dès la maternité sans même savoir si l’enfant en aurait besoin. Résultat il l’a très peu prise et a arrêté de lui même. Il aurait pu s’en passer. C’est plus par dépit que le cadet en a eu, d’abord une « au cas où » en caoutchouc naturel. Quand je lui proposais à la place du sein (en dehors des tétées/repas), il avait des haut-le-cœur. C’en est une autre, basique, qui lui a été proposée, à ses 6 mois, quand il était chez l’assistante maternelle. Il a été « dupe » une fois en ma présence. Comme il est allaité, si je lui présente, soit il râle et la lâche, soit il la mordille allègrement pour se soulager les gencives.
En EAJE, j’avoue que je serai mal placée pour dire comment faire avec cet objet. De formation, l’hygiène n’est pas mon cheval de bataille, mais franchement quand je vois les multiples voyages et chutes des tétines, je me dis BEEEEEURK !!!! Et quand elles sont « perdues » dans des endroits improbables et qu’il faut les chercher en fin de journée, quand il n’y en a qu’une…quand pendant la sieste, elle se faufile entre le matelas et le lit ou se cache sous la couverture…le bébé se réveille, pleure, il faut lui redonner un nombre de fois incalculable…c’est pénible.
Parfois, je me dis que les adultes s’enquiquinent au lieu de se faciliter la tâche. De tout temps, le bébé a su faire autrement pour combler son besoin de succion. Rendre un enfant dépendant d’un objet que l’adulte commande, c’est un peu ahurissant. On dirait que la tétine est devenu l’article indispensable au même titre que le doudou qui va souvent de pair avec elle. Faire confiance, écouter son bébé est devenu rare. La relation approfondie semble en voie de disparition…quel dommage.
Ce qui me questionne c’est de la voir donnée systématiquement au lieu de chercher à comprendre ce qu’il se passe à un moment T pour l’enfant.
Ce qui m’énerve c’est de la voir mise directement en bouche même aux enfants qui savent la prendre et la mettre eux-mêmes. On dirait qu’on leur met un bouchon pour se taire.
Ce qui m’inquiète, c’est l’âge de plus en plus tardif auquel des enfants réussissent à s’en passer… d’en voir qui parlent avec sans possibilité de comprendre un mot de ce qu’ils disent…
J’oubliais, un autre point de vue : il est souvent conseillé aux parents de préférer la tétine au pouce (à tort ?), pour diverses raisons. Cependant je souligne que le doudou attaché à la tétine est très répandu. Un truc qui pendouille au bout, pèse un peu dans le vide. Peut-être qu’il y a un impact sur la mâchoire et la bouche… Je dis ça, mais je ne suis ni orthophoniste ni orthodontiste.
J’ai souvent peur au sein de cette société qui invente. C’est beau d’inventer, d’être créatif et tout et tout…sauf quand la déviance est au bout.
Je vante les mérites de la motricité libre depuis longtemps, même avant de savoir que ça s’appelait ainsi, avant d’être EJE.
Mais quand je vois des « business men », sans scrupules, surfer sur le sujet pour nous pondre des inventions de cette sorte :
alors là…je déprime et ensuite je hurle intérieurement. Non, je ne critique pas, j’essaie de comprendre, sans y parvenir ! Mais comment ?? pourquoi ???? Mais que se passe t-il ici bas, pour quoi faire tant de trucs, bidules, machins ?!
C’est une régression, un retour en arrière ? Une envie de revenir autout seul partout mais ensemble ? comme ici :
Envisageons-nous vraiment un futur de cette sorte ? :
film d’animation Wall-E
Revenons au sujet initial : les bébés dans l’eau, flottants grâce à une bouée autour du cou. « Ils ont l’air bien, ils semblent apaisés »…
Euh, soit, certes, hum bah en fait, j’crois bien qu’ils subissent la situation !
Je ne suis pas experte en la matière. Si ça se trouve, c’est génial, excellent, innovant…sauf que je dois être rabat-joie, réfractaire à la nouveauté, vieux-jeu ou que sais-je encore…mais je préfère le contact humain, et pourtant (je le répète) je ne suis pas tactile ! Il me semble que l’être humain est bien pourvu en général, les EJE le savent bien :
@jout : ça m’a rappelé un article lu sur le développement moteur de l’enfant :
l’enfant, avec cette bouée, est-il vraiment porté par l’accessoire, par l’eau ? Quel est l’impact sur la colonne ?
« LES ENFANTS SONT CRUELS » parole maintes fois entendue et une fois de trop lors d’une émission sur les JO Paralympiques durant le témoignage de Nantenin Kéïta, athlète déficiente visuelle. Elle ne l’a pas prononcée, c’est l’animateur mais elle a laissé dire. Encore une idée reçue parmi tant d’autres. Dur de tordre le cou à ces croyances pourtant limitatives.
Pour situer, j’ai toujours besoin de définitions. Qu’est-ce qu’être cruel ? Que signifie « cruauté » ?
« Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde », disait Camus.
Je suis d’avis que les termes que nous utilisons en tant qu’adulte sont réellement inappropriés concernant la petite enfance. Tout comme un enfant ne fait pas de caprice ni ne manipule qui que ce soit, il n’a pas non plus de stratégies cruelles à sa disposition. Par contre, il réagit suite à des émotions et des pulsions qu’il ne maîtrise pas, contrairement à l’adulte (en théorie).
Pour un enfant c’est vraiment une sacrée performance d’en arriver là, n’est-ce pas ? Rappelons qu’un enfant est un individu en construction.
Enfant vient du mot latin infans, qui signifie « celui qui n’a pas la parole » (comprendre le très jeune enfant qui ne parle pas, et non pas celui qu’on ne laisse pas parler). Infans désigne donc l’enfant qui n’a pas acquis le langage. Celui qui ne parle pas encore.
On a tous plus ou moins subi les comportements, insultes, paroles blessantes de nos pairs. C’est la façon dont nous les recevons qui leur donne leur impact. Dans ma petite vie, je n’ai pas trouvé que c’était plus difficile quand j’étais petite et pourtant, j’en ai entendu…et j’en entends toujours.
Pour la tranche d’âge dont je parle (moins de 3 ans et parfois par extension, moins de 7 ans), il me semble exclu d’envisager qu’un jeune enfant est cruel, en tous cas intentionnellement. Car tout est dans l’intention, je pense. Vouloir nuire à autrui et y prendre plaisir c’est humain certes mais, à mon avis, ça s’apprend ou ça s’imite. Je ne crois pas que ce soit inné ou alors ça s’acquiert dans le bagage des fameux mécanismes de défense et à ce stade c’est une tout autre problématique.
Les enfants apprennent par les expériences, c’est flagrant quand on les observe. La théorie, on la leur verbalise mais l’expérience est bien plus probante. S’il vit dans une cruauté ambiante, peut-être bien qu’un enfant en fera son mode de fonctionnement.
« Cet âge est sans pitié » écrivait La Fontaine.
Là je suis d’accord. Après tout la pitié n’est pas un sentiment naturel. Sauf par l’exemple, un enfant ne l’appréhende pas.
Des explications à ce phénomène présent chez les plus grands enfants, notamment des élèves dans un contexte scolaire, il y en aurait pléthore. J’en cite quelques unes :
De nos jours, l’environnement est plus violent : la crise, l’avenir incertain exercent une influence, les valeurs de politesse et de respect se perdent parfois parce qu’elles ne sont plus inculquées par les parents… L’effet de groupe aussi est terrible : des élèves peuvent se liguer entre eux contre un de leurs camarades et l’élève attaqué se retrouve isolé, démuni, confronté à la violence la plus extrême…
(…) La société dans laquelle on vit est impitoyable et force est de constater que ces problèmes s’aggravent et peuvent prendre des proportions inouïes dans certains contextes : il faudrait rétablir des valeurs morales essentielles qui sont en train de se déliter dans notre société où les exemples de mensonges, de corruption, de dénigrement sont donnés parfois au plus haut niveau…
Il faut s’inquiéter de ces phénomènes de rejet que subissent certains enfants, souvent les élèves ignorent les notions même de tolérance, de respect des autres qui sont pourtant fondamentales…
A part les circonstances, y a –t-il un coupable ? Il semblerait que la responsabilité nous incombe à nous autres adultes. Nous TOUS. Je m’inclus dans la masse de ces adultes qui râlent plus qu’ils n’agissent. Et il y a la catégorie qui ne fait que se plaindre…
Des solutions ? Bien sûr qu’il y en a et une R-évolution est en marche que les récalcitrants le veuillent ou non ! Ce site place les éducateurs de jeunes enfants en première ligne car c’est ma formation et grâce à celle-ci j’ai eu accès à des savoir-être et des savoir-faire que je m’emploie à partager sans relâche. La communication non-violente en fait partie.
Les enfants ne sont pas cruels. Tout au plus, ils en ont des comportements, malgré eux, et concomitants à des contextes bien particuliers. Il appartient à la société qui les accompagne dans la vie de leur montrer une autre voie.
L’AVIS DE MIRIAM RASSE AU SUJET DES STAGIAIRES ET DE LEUR IMPLICATION AUPRÈS DES ENFANTS ACCUEILLIS EN EAJE :
L’accueil des stagiaires se fait, par définition, sur un temps limité. La question est : y a-t-il une nécessité absolue que les stagiaires prennent en charge les enfants dans leur intimité (change, repas, sommeil…), est-ce obligatoire ?
Exemple : apprendre à mettre une couche, faire des soins, est-ce l’essence d’un métier quel qu’il soit dans le secteur de la petite enfance ? Est-ce indispensable d’apprendre sur un enfant ? Une poupée/un mannequin ne peut-elle/il pas remplir ce rôle, comme pour l’apprentissage des gestes de premiers secours ?
Les métiers des professionnels de la petite enfance se situent plutôt sur les questionnements suivants :
–Comment entrer en relation ?
–Comment communiquer avec l’enfant ?
Ça n’a donc rien à voir avec : « comment s’occuper d’un « paquet » ?
Il est nécessaire d’avoir en tête qu’un enfant s’attache comme si c’était une « nouvelle référente ». Il est « trompé ». Il ne sait pas qu’un stage se termine. C’est presque irrespectueux envers un bébé qui ne peut rien dire. Laisser un jeune enfant nouer des liens trop importants avec quelqu’un qui partira est un manque de respect envers ses sentiments. Pourquoi ne pas choisir un enfant plus grand, qui appréhende un peu plus les aller et venus qu’il a déjà pu observer ?
Le savoir-être est primordial et celui-ci ne vient que si une relation est installée. Il serait judicieux de faire remonter ces constats auprès des écoles de formation, afin que soit pris en compte les réactions des enfants et pas seulement « la formation » des stagiaires.
On ne peut pas prendre en compte les besoins de formation des stagiaires au détriment du bien-être d’un enfant. Les enfants ne sont pas des cobayes.
L’accueil d’un stagiaire est donc à penser sérieusement. Le stagiaire est une présence positive qui a sa place dans un projet. L’accueillir est un choix d’une structure. Les échanges sont souvent enrichissants. Les stagiaires apportent de nouveaux questionnement, et parfois même une remise en cause. Le stagiaire a d’autres moyens et intérêts d’apporter son « aide » que dans le savoir-faire auprès des enfants.
L’AVIS DE MIRIAM RASSE AU SUJET DE L’ACCUEIL TEMPORAIRE DES ENFANTS, NOTAMMENT PENDANT LES VACANCES (donc sans adaptation et sans référence) :
Exemple : la semaine au ski = en dessous de 3 ans, ça ne représente aucun intérêt pour un enfant. Quel sens y a-t-il à être accueilli par de parfaits inconnus et en collectivité ? (Elle admet qu’elle répond sans nuance mais personnellement, je la rejoins car j’ai travaillé plusieurs semaines en saison hiver à la montagne et j’ai constaté une majorité de souffrance chez les enfants et très peu d’apport positif dans leur vie, en tous cas durant leur séjour.)
Les parents ne savent pas. Les alerter sur les conditions d’accueil et les réactions de leur enfant serait plus honnête. Éviter les conseils mais se contenter de transmettre des connaissances objectives. Si un parent demande et pose des questions, on se doit de répondre selon ce que l’on sait du développement de l’enfant puis proposer au parent de dire ce qu’il en pense. Souvent il a la réponse mais a besoin d’être aiguillé vers elle.
Conversation sur les différentes formations de base :
Les savoir sanitaire et éducatif sont parfois non partagés d’où des difficultés de cohérence en équipe. Le projet éducatif et les projets pédagogiques relient les pratiques et donnent une base de cohérence.
Exemple : le change-debout, il semblerait que la technique ne soit pas forcément apprise par les stagiaires.
La conversation dévie sur le change en général : Un enfant qui bouge sur la table de change est un enfant qui « parle » par ses mouvements et ses gestes. Il s’exprime. On peut lui demander de l’aide. Il est partenaire du change. On peut lui signifier qu’on n’y arrive pas mais il a le droit de s’exprimer : « j’entends que tu veux me dire quelque chose, mais je ne suis pas d’accord. J’ai besoin que tu m’aides à finir pour que tu puisses faire autre chose quand ce sera fini. » L’enfant décide dans un cadre donné par l’adulte.
Le change-debout est une continuité après une réflexion qui aura débuté dès la table à langer.
Autre exemple : pendant le repas, l’enfant décide ce qui entre dans sa bouche quand c’est devant lui (pas quand c’est dans le réfrigérateur !!).
L’enfant-partenaire ce n’est pas l’enfant-roi. On change une couche ENSEMBLE. On change la couche de quelqu’un. Il ne s’agit pas que de la couche mais de l’individu qui la porte.
Des négociations sont possibles durant les soins :
Par exemple pour un soin de nez, les explications sont utiles sans contention. Ce n’est pas en terme de compétences quand on entend le parent dire « avec vous, il ne dit rien, moi je ne sais pas faire ». Rassurer le parent sur le fait que la relation est de toute façon différente avec les professionnels car il y a moins d’affectif et plus d’empathie = une juste distance professionnelle = un espace en soi pour se mettre à la place de l’autre.
Miriam RASSE insiste sur le cadre professionnel : on ne garde pas nos neveux ou cousins, on accompagne des enfants qui ne sont pas de notre famille (en général) ; on se doit d’être professionnel. Nous avons suivi une formation pour cela.
Retour sur la différence entre la relation parentale et la relation professionnelle :
Selon la pédopsychiatre Myriam David, ce qui prime dans la relation parentale est de l’ordre de l’émotion, du désir, du sentiment. Le parent aime passionnément son enfant (en général).
Ce qui diffère largement de la relation professionnelle dans laquelle la qualité de l’accompagnement, de la relation, du soin priment. Le professionnel accompagne et construit le soin.
Nécessité de protéger la place du parent même s’il est défaillant. (Didier HOUZEL, les différentes parentalités). Exemple : en pouponnière, même si le parent n’exerce pas la parentalité, il garde l’autorité parentale, il existe. Les parents sont toujours associés au maximum en reconnaissant leurs ressources et leurs limites.
Comment faire exister le parent en son absence ? SANS LE CRITIQUER, même si on n’est pas d’accord.
Aucune attaque à la relation parent-enfant n’est tolérable. Les interventions des professionnels ne se font que dans le cadre de l’accueil au quotidien (en dehors de la sphère privée).
L’enfant fait avec le parent qu’il a.
Aucune rivalité ni compétition n’aura de sens. On a conscience de la valeur de notre travail.
Le rôle de la référente, en terme de recueil d’informations est primordial. Elle a tout intérêt à écrire le plus possible, afin de relier l’histoire de cet enfant pour maintenir une continuité.
La place de la référente : réaliser l’investissement, l’engagement psychique = « être avec ».
Quel accompagnement ? Pour les professionnels qui semblent le moins disposées à adhérer à cette référence ?
Expliquer que le savoir-être est plus important que le savoir-faire.
Lesavoir-être est au service du savoir-faire.
C’est aussi un travail d’équipe : celui de regarder l’enfant AUTREMENT, de modifier ses représentations et surtout d’abandonner cette idée de « pouvoir de l’adulte sur l’enfant » qui parasite la relation.
La culture est trop prégnante et prône bien souvent l’individualisme ; la compétition dès l’école. La RÉVOLUTION en marche est un déclic qui permet de comprendre qu’une ALLIANCE est indispensable entre l’enfant et l’adulte et non un rapport de force.
Quand on est référente, la vraie question est : comment être du côté de l’enfant, dans l’empathie ? Trop souvent l’adulte est dans la position inverse : la sanction et la punition. Le rôle des professionnels est de se demander en permanence : « pourquoi l’enfant fait-il cela ? » Au lieu de lui dire d’arrêter de faire ce qu’il fait systématiquement. C’est l’installer à force dans une déconstruction, une perte de repères. Le but est de mettre l’enfant au centre.
Depuis peu c’est l’adulte qui s’adapte à l’enfant, c’est un travail qui se centre sur l’affinement. Les certitudes se déconstruisent, se reconstruisent sans être rigides sur un socle stable grâce au travail de l’équipe d’encadrement avec des questionnements différents : « Que dit l’enfant ? A ton avis ? Hypothèses, réponses ? Qu’est-ce que tu penses que l’enfant exprime ? Qu’est-ce que tu proposes ?
C’est tout un travail d’accompagnement de l’équipe dans l’EMPATHIE.
Conversation sur la référence d’un enfant « qui met à mal un professionnel » :
Le relais est fondamental mais il est préparé, pensé, prévu et nommé. C’est la reconnaissance d’une complexité qui doit être organisée. La difficulté est à prendre en compte par l’institution : équipe encadrante : qu’exprime cet enfant ? L’observation est l’outil pour répondre à cette question.
Selon la situation contextuelle (et familiale), une organisation est mise en place et il est indispensable de redoubler d’attention pour l’enfant et le professionnel concernés. Il est normal d’accepter que des situations dépassent parfois nos compétences.
La relation élargie : quand l’enfant « choisit » un autre adulte.
Rien n’empêche l’enfant d’explorer le monde, sûrement pas la référence. Il est tout de même préférable de conserver la référence de départ, même en cas de difficulté prononcée = pour éviter de changer de personne. Il n’y a pas de rigidité mais la stabilité d’un groupe à privilégier (selon des situations intenables). Rien n’est figé. Inutile de s’enfermer. Tout est question de préparation, d’accompagnement d’aléas de la vie. Sans réelle rigueur mais en étudiant chaque solution possible et opter pour la plus favorable, de façon progressive, pensée. Une séparation s’accompagne. Éviter les ruptures brutales car cela est subi.
Même s’il est impossible d’éviter toutes les souffrances, ne pas s’arrêter à cet argument : il est tout aussi inutile de ne pas éviter celles qui peuvent l’être !!
Conversation sur la référence de 3 ans :
Avec changement de lieux, de sections. La nouveauté et la découverte sont toujours intéressantes sur la base d’une sécurité. Un changement à la fois, car l’enfant a besoin d’intégrer. Les mots d’ordre sont : progression et continuité.
Attention aux risques d’appropriation, d’attachement trop important. C’est une vigilance à avoir en maintenant du tiers dans la relation.
Un départ se prépare. Les professionnels « grandissent » aussi pendant leur carrière. C’est donc une satisfaction quand le travail est réussi, le but atteint = travailler avec bienveillance et amener vers l’autonomie.
points abordés à la fin de l’après-midi, en vrac :
L’ «acquisition de la propreté » est liée aussi à la sécurité affective même si majoritairement en lien avec la maturité physique. D’où l’importance de la référence pour accompagner cette phase du début à la fin.
La complexité d’un suivi sur trois années se situe essentiellement dans la configuration des locaux et aussi selon le taux d’encadrement qui change du passage d’une section de bébé à une section de plus grands. Tout est dans la préparation et l’organisation. L’idéal est de maintenir au moins un professionnel sur une section.
Un suivi peut-il sembler « lourd » sur 3 ans ? Les professionnels témoignent plutôt positivement de cette expérience de suivi des enfants et des familles notamment dans la construction de la parentalité par exemple et l’évolution des enfants en référence. L’intérêt s’avère réciproque : de nombreux parents apprécient ce suivi personnalisé.
C’est vécu comme un engagement dans la relation. Il est nécessaire d’être prêt pour cela.
Rappel de l’importance de l’adaptation qui permet les prémices de la construction de la relation avec l’enfant et sa famille. La confiance se construit avec des hauts et des bas. Le parent a besoin de « preuves ». Il a une place, il introduit l’enfant progressivement. Les professionnels veillent à ce que cela se déroule en protégeant la paisibilité du groupe. Trop d’aller et venues insécurise le bébé, on ne le dira jamais assez. Les locaux traversants sont, par exemple, source d’insécurité.
Les besoins des uns ne peuvent pas systématiquement être pris en compte au détriment des autres.
Miriam RASSE, à l’issue de cette journée conclut en disant qu’il y a peu d’écrits sur les sujets abordés car il est important que rien ne soit figé. Il n’existe pas une bonne pratique mais des pratiques pensées selon un contexte précis.
A ce stade de la conférence, Miriam Rasse a donné la parole au public. Voici ses réponses à diverses questions :
·Les espaces multi-âges = âges mélangés :
Selon Miriam Rasse, c’est peut-être moins uniformisant car les âges différents obligent les adultes à faire une différence. Dans un même endroit, les enfants ne sont pas « enfermés » dans les capacités de leur âge. Un peu comme une classe à plusieurs niveaux, l’accompagnement est forcément plus individualisé. Les rythmes étant différents d’un enfant à l’autre, ils sont plus faciles à identifier. Dans les deux sens, les enfants sont moins catégorisés : les plus jeunes se trouvent « tirés vers le haut », ils peuvent tenter des jeux et expériences de plus grands et les plus grands peuvent se permettre de « régresser » en revenant à des jeux de plus jeunes.
C’est un espace qui peut comporter des difficultés d’organisation et d’aménagement car des propositions pour toutes les tranches d’âges sont à penser et à réactualiser régulièrement. Chacun a besoin d’y trouver son compte. Les intérêts de chacun des enfants sont différents alors qu’ils sont tous ensemble.
Les bébés peuvent se sentir insécurisés au milieu des plus grands qui se déplacent et parfois les explorent. La nécessité absolue c’est qu’ils soient protégés physiquement la plupart du temps.
Les enfants qui ne se déplacent pas ont besoin d’un espace totalement sécurisant. Sinon, ils risquent d’être en permanence sur le qui-vive, de préférer rester dans leur lit et dormir pour éviter trop d’agitation et de craintes.
Les 18-20 mois (Miriam Rasse les surnomme « les déménageurs ») jouent différemment des « 2 ans et demi » par exemple, qui sont dans des jeux plus posés, d’imitation. La cohabitation peut s’avérer difficile et peut engendrer de la frustration et de l’agressivité. Il est, pour cela, indispensable de protéger les activités de chacun.
Les espaces multi-âges, pensés et aménagés en conséquence et selon les besoins de différentes tranches d’âge peuvent être des lieux sereins et épanouissants si différents espaces permettent de jouer tranquillement, de finir une activité sans être interrompu par des plus jeunes ou des plus grands.
La référence dans ce cadre particulier a toute son importance car il s’agit d’un travail d’ajustement permanent qui nécessite de connaître chaque enfant, mais qui peut compliquer la disponibilité du professionnel.
·Les remplacements ponctuels, par exemple pour des réunions d’équipe ou des absences :
Il est nécessaire qu’une régularité soit instaurée et anticipée pour que ce soit une même personne qui remplace, notamment pour les temps de soins, de repas, d’accompagnement à l’endormissement…Le relais a besoin de suffisamment connaîtreles enfants et vice versa.
Il est capital de parler aux enfants, de les prévenir et d’éviter de multiplier les adultes qui interviennent auprès d’eux. Une harmonisation des pratiques est aussi indispensable.
On fait vivre des choses à des enfants que nous-mêmes ne supporterions pas : toucher son visage par exemple, c’est une zone très sensible. Le respect des enfants passe par le respect de leur corps, de leur intimité afin qu’ils sachent faire respecter leur corps à leur tour. La prévention veut que la référence permette à l’enfant d’intégrer que n’importe qui ne peut s’occuper de lui. Si plusieurs personnes différentes sont amenées à s’occuper d’un enfant c’est lui transmettre le message que n’importe qui peut s’occuper de lui, c’est incohérent.
Il faut savoir que faire un change c’est prendre du temps et donner une attention complète à l’enfant dont on s’occupe, dont on se préoccupe. Il ne s’agit pas seulement d’une couche.
Le travail des professionnels est d’offrir de bonnes conditions d’accueil aux enfants malgré les circonstances. C’est une responsabilité, avec les moyens du bord.
Digression en fonction de la conversation avec le public :
Un enfant qui pleure est un enfant qui parle. L’objectif ce n’est pas qu’il arrête de pleurer. Il a besoin de dire quelque chose, de l’exprimer. L’importantc’est qu’il ne soit pas seul avec ses pleurs. Prendre soin de lui c’est aussi une présence.
Évidemment, il est impossible et non-souhaitable de tout épargner à l’enfant. L’aider à pouvoir construire ses ressources afin qu’il surmonte ce qui lui arrive est un défi des professionnels de la petite enfance. Bien sûr, la vie continue quand la personne ne référence est absente. Le bébé s’entraîne à faire confiance dans les ressources (voire résilience) qui lui ont été données, qu’il a développées grâce à son sentiment de sécurité interne et de continuité.
Une des responsabilités des professionnels réside dans le fait que l’enfant qui leur a été confié soit bien là où il est accueilli. C’est un travail de recherche pas toujours évident. L’observation est l’outil numéro 1 et l’écriture aussi (idéalement). Il est intéressant de partager ces observations car les regards et les sensibilités sont différentes et peuvent se compléter.
La personne de référence est garante de la continuité de l’enfant qu’elle accueille.
Cela ne signifie pas qu’il y a exclusivité mais il s’agit de s’assurer que les différents moments de la journée sont reliés entre eux et non morcelés car l’enfant l’expérimente déjà au niveau de son corps. L’enfant rassemble sont corps, construit son unité corporelle pendant au moins 3 ans.
Par exemple, faire un puzzle (rassembler des morceaux) s’avère impossible tant que l’enfant n’a pas atteint une maturité psychique qui permet que le travail au niveau corporel soit terminé. C’est un processus interne, comme pour le dessin du rond fermé. Tant que l’enfant n’a pas terminé son « travail » d’unité corporelle, le rond sera ouvert. La construction du schéma corporel s’élabore petite à petit en parallèle à de nombreuses autres étapes de son développement. L’enfant a donc besoin que quelqu’un fasse le lien entre ses différentes expériences.
Cela a du sens dans la mise en place d’une personne de référence, seule capable de faire ce travail au quotidien. Il y a des avantages et des intérêts. C’est un système d’organisation d’un groupe social. Proposer la référence est aussi une organisation du travail des professionnels.
Une fois l’organisation établie : qui fait quoi ? Avec qui ? Pourquoi ?Les professionnels sont bien plus disponibles psychiquement. L’organisation étant régulière, prévue, prévisible, des repères s’installent. Les rôles et missions sont clairs. Cela apporte confort, sécurité, accueil de qualité car pensé en amont et cela développe un savoir-être. Personne n’est irremplaçable mais il est à éviter d’inter-changer les professionnels trop souvent car peut s’ensuivre un manque de reconnaissance du travail accompli.
C’est une organisation qui a du sens aussi pour les parents qui ont à faire avec un interlocuteur privilégié. Ainsi les transmissions revêtent toute leur importance quand la personne de référence est absente autant que lorsqu’elle est présente.
Les conditions de mise en place de la personne de référence :
La personne de référence n’est pas une personne unique, sinon ses absences seraient mal vécues. Un relais (voire plusieurs) est indispensable, à prévoir et à anticiper. La personne de référence est surtout une personne qui fait du lien.
Elle n’est pas seule, elle a besoin de soutien. C’est un travail d’équipe d’organiser la référence. La responsabilité est collective, partagée avec les collègues et l’équipe encadrante qui accompagne au quotidien.
Elle est nommée, missionnée par une équipe. On ne choisit pas les enfants que l’on encadre. La personne de référence est responsable de la qualité du « prendre soin » d’un enfant de façon continue.
Elle se réfère à un projet qui fait tiers et qui protège d’un « trop-attachement » ou d’un « trop-détachement », d’une relation exclusive, d’une trop grande proximité ou d’un rejet. Elle en réfère à une équipe et a des comptes à rendre puisque les décisions sont prises en équipe. Cela instaure une juste distance et un recul utile ; une garantie de la relation. La relation duelle est une relation à risque, trop de fusion et de confusion sont possibles. Une relation triangulaire est fondamentale, à suffisamment bonne distance avec du tiers : enfant-parent-professionnel puis professionnel-équipe-enfant.
Différents outils sont à disposition : cahier de vie, de liaison, cahier d’observations…
Le soin au bébé :
Toucher le corps d’un jeune enfant lui renvoie une image de lui-même. Être avec lui c’est important, sans être pressé, c’est-à-dire prendre le temps de prendre le temps. La collectivité devrait être un îlot protégé de la frénésie de vitesse de l’extérieur.
Il est important, dans le soin corporel, de décoder les signaux de communication qui sont autant d’occasions privilégiées pour construire une vraie relation. Il s’agit d’une rencontre individualisée que d’être attentif à cet enfant-là dont on s’occupe.
On ne tire plus les bébés par les pieds pour soulever les fesses et enlever leur couche (ce n’est pas bon pour les hanches !). Prenez sa cuisse dans une main et tournez-la vers la gauche, le corps du bébé suit de lui-même. Glissez alors la couche sous ses fesses.
En termes d’organisation et de repère, quand la personne de référence est présente, le mieux c’est que ce soit toujours elle qui donne les soins, les repas et accompagne l’enfant durant les temps forts de la journée. Quand elle est là, l’enfant sait qu’il peut compter sur elle car elle a instauré une régularité et une prévisibilité.
Trop de changements engendre des angoisses et empêche l’enfant de s’investir dans autre chose. L’enfant qui ne sait pas qui s’occupera de lui reste en attente, en mode « inquiet ». Plus l’enfant est jeune plus il a besoin d’immuabilité.
Les adultes aussi font des choses habituelles. Ils ont des rituels et apprécient la continuité.
Exemple : en tant qu’adulte, nous préférons n’avoir qu’un seul interlocuteur à la banque (ou autre organisme) ça nous évite de répéter, de recommencer une « relation » avec quelqu’un d’autre car l’interlocuteur unique saura créer des liens avec ce qu’il sait de nous, de notre dossier etc.
L’élargissement de la relation se fait avec l’âge selon la maturité de l’enfant. C’est pareil pour l’environnement. Jusqu’à 1 an, découvrir un seul espace de vie suffit largement. Cela permet une concentration (à l’inverse de la tendance « zapping » de notre siècle) pour faire et découvrir en profondeur, aller jusqu’au bout au lieu de passer en permanence d’une chose à l’autre. La concentration se travaille dès la petite enfance, il est donc nécessaire d’éviter les interférences trop nombreuses.
Les professionnels sont garants de l’activité qu’un enfant entreprend et construit, ils la protègent, veillent à ce qu’elle se fasse jusqu’au bout, la préservent autant que possible afin que l’expérience ait des chances d’être complète.
L’espace s’ouvre au fur et à mesure du développement de l’enfant. La circulation se propose à lamesure des capacités de l’enfant d’où la nécessité de l’OBSERVER et de le CONNAITRE. Ouvrir trop rapidement les espaces peut empêcher la consolidation de l’identité. Les enfants peuvent devenir inquiets, hyperactifs. Les enfants, si on leur fait confiance, cherchent eux-mêmes la nouveauté. Ils « disent » quand ils ont fait le tour des jouets, des lieux, des propositions de jeux…
Les besoins supplémentaires de l’enfant accueilli en dehors de son milieu familial :
L’enfant de moins de 3 ans n’est pas prêt à se séparer de sa famille avant d’intégrer l’image de ses parents quand ils sont absents. C’est en parallèle avec la permanence de l’objet (selon Piaget) : l’enfant ne sait pas qu’un objet qu’il ne voit plus existe toujours. Cela est valable pour les objets et les personnes. Le bébé n’a aucune certitude que ses parents qui sont absents reviendront. Pour pallier leur absence, durant la petite enfance, l’enfant a besoin d’entendre évoqués ses parents très régulièrement. Sachant que le temps de l’enfant est plus long que celui d’un adulte, il est nécessaire que l’image des parents soient réactivées tout le long de leur absence. Les parents sont fondateurs de la construction de l’identité de l’enfant (quotidien et connaissance intime).
Arriver dans un lieu d’accueil c’est comme arriver dans un autre monde. C’est une perte de repères, de points d’appui. Une reconstruction de fondations est nécessaire, qu’il s’agisse de l’environnement et des personnes. Un enfant a besoin de retrouver dans un nouveau lieu ce qu’il connait de sa famille afin de se sentir reconnu.
Quelqu’un l’écoutera t-il ? Son élan vital sera-t-il entendu, pris en compte ? L’enfant trouvera t-il l’intérêt d’un autre adulte ? L’adulte qui prend le relais aura la responsabilité d’être témoin des progrès quotidiens de cet enfant-là afin qu’il se sente reconnu dans ce nouveau lieu. L’intérêt de l’adulte nourrit l’enfant. Pour cela une période de reconnaissance mutuelle est indispensable = période dite d’adaptation. Période de construction des premiers liens autres, entre professionnel et enfant = un appui face à la séparation. L’objectif principal de l’adaptationest la mise en place du début d’une relation de confiance, c’est fondamental. L’idéal est de prendre le temps pour construire un lien. Tant que ce lien n’est pas « visible », le parent ne devrait pas « partir ».
Il s’agit de penser ce temps plus comme une connaissance mutuelle avec un début de lien et pouvoir compter sur ce relais dans un lieu nouveau. Combien de temps est nécessaire au professionnel pour « connaître » un enfant, le « décoder » ? Un bon mois. Surtout avec un bébé de 3 mois. Si un mois entier est trop long, tabler sur 15 jours à 3 semaines avec présence des parents, pas toute la journée, mais à chaque temps de présence de l’enfant. Le signal que cela se passe « bien » est le sourire de l’enfant quand il voit la personne qui sera sa « référente ». Sourire qui peut être considéré comme une re-connaissance. Si le bébé est au sol, on remarque qu’il reste accroché au regard de son parent les premiers temps, puis il regarde ailleurs. Peu à peu, il regarde l’autre. Il est important de ne pas prendre le bébé dans ses bras trop tôt. Le bébé a besoin de son parent pour faire connaissance avec une tierce personne.
L’idéal est que cette période se déroule en dehors de l’espace de vie afin de se concentrer sur ce nouveau lien en construction.
Exemple de l’idéal, à adapter en fonction des impératifs de chaque contexte :
1ère semaine : une demi-heure tous les jours dans un autre espace, avec les parents
2ème semaine : une demi-heure tous les jours dans l’espace de vie, avec les parents.
3ème semaine : courts temps de séparation physique
Une personne de référence est une personne privilégiée sur laquelle l’enfant et sa famille peuvent compter. Il est important que la personne de référence compte pour eux et que l’enfant compte pour cette personne.
Vivre en collectivité, (même chez un(e) assistant(e) maternel(le)) :
Comment être reconnu comme une personne singulière avec d’autres individus ? Sachant que la construction identitaire s’effectue pour l’essentiel durant les 3 premières années de la vie d’un enfant : jusqu’à l’émergence du « je ».
Le travail principal d’un lieu d’accueil est de soutenir, reconnaître la construction de l’identité de l’enfant, d’un sujet. Pas de rencontrer les autres. Avant 3 ans, ce n’est pas le temps de la « socialisation » qui prime.
Le professionnel contribue avec les familles à la construction d’un être. C’est un défi majeur : faire de l’individuel dans le collectif. Le piège de la collectivité est d’uniformiser. Par souci d’égalité alors que l’égalité ce n’est pas faire pour tout le monde pareil mais bel et bien de faire pour chacun en fonction de ses besoins. Les propositions devraient être à adapter à chacun. Les enfants sont trop vite mis ensemble.
Une vraie socialisation est d’apprendre à se comporter avec chacun des enfants présents. Donc favoriser un groupe d’enfants stable avec un même adulte et des relais stables aussi. L’enfant a besoin de sentir qu’il a SA place dans un groupe d’appartenance : son lit, son casier, sa place à table, ses temps privilégiés (change, repas, jeux…) etc. Et cela englobe les espaces, les objets et les temps de la journée.
La préservation du sentiment de continuité demande que des liens soient effectués. La collectivité génère trop de discontinuité (contrairement à un accueil chez un assistant maternel). La difficulté est de prévoir, d’anticiper et de participer pour l’enfant qui a à faire à trop d’adultes différents.
Le défi est de relier des expériences différentes entre elles pour que l’enfant puisse se sentir relié à lui-même « je suis le même dans un lieu qui change ». L’enfant a besoin de construire le sentiment continu d’exister. La personne de référence devrait avoir pour objectif de relier différents moments vécus dans la journée pour un même enfant. Même si on fait différemment à la maison, les expériences du lieu d’accueil peuvent être reliées à celles racontées par les parents. A la maison c’est différent mais dans ce lieu-là cela sera toujours pareil (en tous cas, le plus souvent possible). « A la maison, tu as fait ça, ici tu as fait autre chose, autrement ».
Il est donc important qu’un enfant accueilli en Établissement d’Accueil rencontre un nombre limité d’adultes différents.
Le bébé ayant besoin de se sentir connu (compris, écouté, re-connu) d’un adulte, éprouvera des difficultés si les adultes autour de lui sont trop nombreux. A l’inverse, si un adulte a trop d’enfant en référence, il ne pourra que connaître superficiellement chaque enfant dont il a la responsabilité. L’attention de l’adulte (qui devrait être plus fine et plus précise que possible) peut se faire sur un nombre restreint d’enfants.
Être vu fait sentir à l’enfant qu’il se sent exister. Les enfants ont besoin d’attirer l’attention. La personne de référence assure à chacun des enfants le maximum d’attention.
Guider c'est montrer les pistes. "Chacun sa route, chacun son chemin". La solution est en chacun de nous.