Archives de catégorie : EJE

Les EJE en EAJE

⚠️ Attention ⚠️ effet de surprise gâché : sujet qui va déplaire. Âmes sensibles s’abstenir. Et précision : c’est mon avis sur le sujet.

Depuis ma formation, je dis haut et fort, à qui veut bien l’entendre, qu’il persiste un fossé (voire un gouffre) entre la formation et le terrain. Malgré les stages ou surtout grâce aux stages ? Hélas, cela dépend. Soit l’étudiante (c’est le féminin qui l’emporte) a la chance d’être en stage sur le terrain pour travailler et se rendre compte que mettre la théorie en pratique, c’est hyper complexe. Soit elle papote dans un bureau (véridique). Forcément le contraste avec le premier contrat de travail est saisissant, quoiqu’il arrive.

Je parle en mon nom, hein. Pas de panique. {De toute façon, ce site est perdu dans les méandres d’internet. Peu, voire plus du tout de lecteurs et contenu pas du tout politiquement correct donc encore moins populaire. Peu de risques de faire des vagues et encore moins des tsunamis. Ça m’arrange bien. Les coulisses me plaisent bien mieux que la scène.} Il semblerait que je ne sois pas la seule à penser ainsi.

J’ai croisé quelques-unes (jamais de quelques-uns) de mes congénères, pardon collègues de même formation sur le terrain. Je nous trouve évanescentes parfois ou à l’opposé « grande goule qui sait mieux que tout le monde », rarement des EJE efficaces. Je me case un peu dans les 3 catégories citées. Il y en a sûrement d’autres. Finalement avec la même formation, nous sommes toutes et tous autant d’EJE que nos personnalités, avec souvent beaucoup de points communs ou parfois, étonnamment aucun. Tout est possible.

Ce que je regrette dans cette formation c’est le manque de suivi psychologique. A mon sens, nous devrions obligatoirement suivre une thérapie. Ça me semble indispensable pour interroger le « pourquoi d’un choix de métier avec des jeunes enfants ». Et par la même occasion interroger notre enfance. Pour quelles raisons ?

  • Éviter de transposer, en premier lieu. Notre éducation n’est ni la meilleure ni la pire et n’a rien à faire sur notre lieu de travail. Et encore moins celles de nos enfants quand on en a,
  • faire place nette, de nos traumas et traumatismes, les plus douloureux. Ou si c’est trop long, les identifier et les accepter…et vivre avec sans rien faire subir aux autres.
  • BREF laisser nos casseroles en dehors de notre travail. C’est déjà très bruyant.

Quitte à continuer pendant nos années de travail, si nécessaire, mais au moins éclairer nos parts d’ombres, un minimum. Parce que sur le terrain, c’est miné et les risques d’explosion sont récurrents.

Le quotidien avec des jeunes enfants, c’est harassant. Le quotidien entre femmes, c’est des embrouilles souvent assurées. Inutile de se voiler la face.
Il est nécessaire d’être plus que forte. C’est même vital. Faire carrière sur le terrain, c’est au-dessus de mes forces, par exemple. Je l’ai exprimé maintes fois. Toute mon admiration à celles qui l’ont fait. J’ose à peine imaginer la retraite…{Quand je constate l’état de santé de ma mère, auxiliaire de puéricultrice, j’ai des raisons d’avoir des craintes. Ce métier l’a usée. Elle profite à peine de la vie.}


C’est encore un bla-bla sans recette magique-miracle. En fonction de chacune, nous savons souvent rapidement si ce métier est vraiment fait pour nous. C’est important de bien écouter la petite voix qui murmure avant qu’elle ne se mette à hurler. L’épuisement peut être tel, que c’est impossible de passer à côté de cette remise en question. C’est sous-payé, sous-reconnu, sous-évalué et on peut finir sous l’eau à cause des changements d’équipe permanent, des absences répétées. C’est à peine compatible avec une vie de famille. Bref, c’est à réfléchir plutôt DEUX fois qu’une. Ou alors il faut un mental et des ovaires en titane.

C’est un métier extrêmement enrichissant. Il mérite des professionnel.le.s stables et fiables. Ainsi qu’énormément de réflexion professionnelle. La conviction qui me semble la plus importante c’est l’ENGAGEMENT. Aimer les enfants ne suffit pas du tout. Et surtout si vous voulez plus que gagner votre vie, l’éducatif et le social sont les mauvais endroits. Notre valeur y est invisibilisée.


Lettre à mes collègues

Merci. Merci d’avoir ce courage de continuer à venir travailler quand c’est difficile. Ou ce choix, comme vous voulez.

Merci d’être là, d’exister.

Ça n’a échappé à personne, je suis à bout de souffle. Pour tout un tas de raisons. Cette fois-ci c’est la bonne (je précise, car j’ai déjà décidé de quitter les EAJE par le passé), je passe le relai. Je ne serai pas des vôtres à la prochaine rentrée…Et peut-être bien que ce sera un départ du secteur entier (le Social), si je ne trouve pas chaussure à mon pied.

Je sais que je vieillis mal. La pseudo-maturité de l’âge ne se présente pas en la faveur du poste que j’occupe actuellement. Contrairement à des gens, je ne me bonifie pas avec l’âge. En tous cas, pas professionnellement et encore moins en équipe. S’il fallait le préciser, c’est mon problème professionnel. Inutile de culpabiliser dans vos fonctions. Nous faisons toutes ce que nous pouvons. L’essentiel est de se rendre compte quand on ne peut plus. Pour se préserver et par la même occasion rendre service aux autres.

Les hauts comme les bas avec celles qui ont partagé un bout de chemin, sont devenus des expériences enrichissantes. J’aurai plaisir à me souvenir de chacune, jusqu’à ce que ma mémoire, très sélective, s’en charge ou s’en décharge.

Pour les mois qui restent, j’ai souvent la sensation de tirer sur la corde, alors je suis désolée d’avance. Je ne m’excuse pas, rien à voir. Je ne suis pas excusable à l’avance, entendons nous bien. Par contre c’est explicable. 

Même après avoir cherché et demandé un traitement pour survivre à des déséquilibres hormonaux, je n’ai rien obtenu par le secteur médical. Je subis sans aucune maitrise. Je fais VRAIMENT tout ce qui est en mon pouvoir pour que ça ne rejaillisse pas trop sur ma présence au travail. Je bricole avec des tisanes, parfois des compléments alimentaires. Je vous passe le reste de ma santé mentale et physique, puisque mes hormones sont soit aux commandes, soit aux abonnées absentes, à tour de rôle.

Et si vous vous posez la question, non je ne peux pas partir avant. Parce que j’ai encore un chouilla de respect pour mon engagement professionnel qui veut terminer l’année scolaire correctement. Et puis, je dois aussi payer des factures. Après deux mois d’arrêt, avec cette convention collective de pauvre, j’ai choisi de partir avec de l’argent. Je ne travaille pas pour la gloire et je cotise comme tous les salariés. C’est peut-être l’erreur de ma vie professionnelle d’ailleurs. Nous avons de la valeur tout de même.

Si tu avais tout le temps et l’argent du MONDE…

QU’EST-CE QUE TU FERAIS ?

Déjà je trouve ça bien égoïste. La place de Bernard Arnault ne me donne pas du tout envie. Et puis, j’ai compris que ce n’était pas au détriment des autres.

Question souvent posée par mon chéri. Ma réponse était timide, voire muette à la première édition. Au fil du temps, j’ai eu quelques éléments de réponse. Ça s’étoffe petit à petit. La révélation est identique depuis quelques temps. Toute simple même… Mais qu’est-ce que le chemin est long et lent ! Au rythme de mon évolution…

Aujourd’hui en ouvrant la newsletter de Johanna Awakening, je l’ai reçu presque comme un retour de boomerang ! « Allez Mickaëlla, où en es-tu en 2025 ? Toi qui te dis indépendante mais dépend à 99% de ton pacsage, dès que tu sombres dans tes descentes émotionnelles, pseudo-inexplicables et récurrentes ? » ( Oui ma petite voix est régulièrement très excédée par moi-même. C’est sûrement une partie de la problématique).

En ce lundi 10/02/25, deux jours avant mes 49 ans, je revis une énième fois cet embranchement devant plusieurs directions, sans savoir où aller. Je n’en ai vraiment aucune idée.
Pourtant depuis tant d’années, il pourrait se profiler un semblant d’éclaircie ? Oui j’exagère. En plus, je ne suis pas seule…Et en même temps, avec un sentiment de recommencer à zéro. C’est déconcertant et de fait décourageant. Encore ce jour de la marmotte en boucle. Le héros du film avait bien plus d’énergie que moi. Je suis usée parce que je ne sais pas essayer. Je fais ce que je peux et ça ne fonctionne pas.

Qu’est-ce que je n’ai pas encore compris ? La suite au prochain épisode des montagnes russes de Mickaëlla.

Un jour sans fin

Voilà rien de bien palpitant. Et vous, que feriez-vous ? Le savez-vous ? Êtes-vous en chemin pour concrétiser cela ?

EJE//doula

Récemment j’ai été contacté pour partager mon expérience d’EJE et de doula.
Voici les questions posées :

Est ce que tu as mis du temps pour te lancer ? 

Oui, avec une anxiété chronique et mon poste d’EJE à 35h semaine, ça m’a pris du temps. Ma santé m’a obligée à passer à 24h et ça a encore mis du temps. Je n’ai proposé que deux accompagnements, dont un à une amie depuis que je suis certifiée doula (décembre 2021).

As-tu mis du temps à vivre de ton activité (si tu en vis)?
Cela fait suite à la réponse précédente. Je n’en vis pas.

Quel statut juridique as-tu choisi ? 
Je n’ai pas ouvert de statut juridique car j’ai offert le premier accompagnement. Le second est un contrat d’aide à domicile, dans le cadre du post-partum.

As-tu d’autres activités à côté ou est-ce que tu arrives à vivre uniquement de cette activité correctement ?

Les réponses précédentes sont similaires : je travaille encore en tant qu’EJE. Je n’ai pas suffisamment de suivis pour en vivre.

Je ne suis pas le meilleur exemple pour se faire une idée complète.
Voici des EJE et doula que je trouve inspirantes. Je pense qu’elles auront plus à partager.

Sandrine Lebrun, autrice de « Coeur de doula »

Maryline Wybo

Julie Rousseau Fargier

Maialen Lasquibar

La nouvelle femme

En ce 8 mars 2024, entre collègues, nous avons vu ce film émouvant.

Maria Montessori reste fascinante encore au 21ème siècle. Elle a tellement contribué au monde dit « moderne ». Je vois ça plutôt comme un monde plus humain. Enfin, ça dépend des jours… Un monde plus féminin ?

Nos aïeules ont eu des vies souvent difficiles et c’est un euphémisme. C’est encore le cas de femmes aujourd’hui. La condition des femmes change et en même temps ne change pas, selon l’endroit où elles se trouvent sur cette planète. Soit tu as de la chance, soit tu n’en as pas. Soit tu expérimentes le respect, soit tu es une victime. Comme à la roulette russe…Et si tu as un handicap, alors là, t’as tiré le gros lot du pire. Surtout en 1900. Même si en 124 ans, les avancées sont lentes, elles existent.

Lili d’Alengy (Leïla Bekhti, à gauche) présente sa fille déficiente mentale, Tina (Rafaëlle Sonneville-Caby), à Maria Montessori (Jasmine Trinca), médecin qui a ouvert à Rome une école pour handicapés (©Geko Films Tempesta/Ad Vitam).

Nous avons passé un moment dans le passé. C’était prodigieusement agaçant d’entendre le mot «idiot » pour qualifier ces enfants différents. Ils sont authentiquement présents au monde ! Pas comme nous autres, zombies avec tous nos petits masques de personnages, aux egos surdimensionnés. Nous sommes idiots et eux ils sont vivants !

Qu’est-ce qui cloche chez l’humain ?
Il y a forcément quelque chose que l’humanité rate complètement. La compassion ? La compréhension ? L’amour ? La tolérance ? Non, ça existe toujours/encore. Alors qu’est-ce qui ne va pas ? Pourquoi y’a t-il encore tout ce bazar ? Cette incapacité à accepter la différence ?
Qu’est-ce qui nous empêche de permettre à toute une chacune de vivre tranquillement les unes avec les autres ?



50 ans du DEEJE

Je suis née 3 années après la naissance du diplôme.

Je ne l’ai pas fêté.

Je devais me rendre samedi dernier à HETIS (au passage le H est vraiment de trop, j’ai eu honte) à Nice. J’avais réservé 4 ateliers, avec ma toute jeune et nouvellement diplômée collègue EJE. Vendredi j’étais sur les rotules après plusieurs jours à 2 au lieu de 3 pros dans la section des bébés. Samedi mon corps a dit STOP.

Ça m’a coûtée de rater cet événement et puis je me suis dis que ce n’était pas si dramatique. De toute façon je souhaite rendre ma casquette. C’est même un signe.
Place aux jeunes !! Je pense que j’ai assez donné.

Il y a une autre grève qui se prépare en octobre. J’en serai pas non plus. Ma claque de tout ce raffut qui ne gêne personne, sauf les concerné.e.s.
Je quitte le navire avant qu’il coule. C’est peut-être lâche, ou pas. Chacun son combat perdu d’avance, hein.

Et c’est reparti pour un tour…


Ce n’est pas « au travail » c’est dans tout le secteur de la petite enfance et de l’éducation.

NON CONFORME- Au pays des crèches

De Anne-Cécile GEORGE

Lecture de septembre

Je n’ai entendu parler de ce livre nulle part. C’est l’autrice qui m’a contactée l’année dernière pour me proposer de le lire. J’ai trouvé et lu son mail récemment. Elle m’a proposée de me l’envoyer pour lecture, en échange d’en parler ici.

J’espère contribuer à son succès parce qu’il le mérite. En toute subjectivité, bien sûr. Comment être objective sur une lecture ? Je n’ai jamais compris les critiques à ce sujet. C’est forcément ton ressenti que tu partages et il t’appartient. D’autres peuvent s’y retrouver, ou pas. Ça ne devient pas une vérité.

Le synopsis donne le ton :

« Carlin-sur-Marne, dans les années 2040. Pour devenir parents, être diplômé et certifié conforme aux attentes de l’Etat est indispensable. Le précieux sésame en poche, vous avez enfin le droit d’enfanter, mais n’oubliez pas que vous devrez vous soumettre aux contrôles de parentalité jusqu’à la majorité de vos enfants. C’est dans un contexte où les permis d’exister se multiplient qu’Amélie, puéricultrice et collectionneuse compulsive de stylographes, prend son premier poste de directrice de crèche. Fonctionnaire en sursis, elle observe avec effarement les changements sociétaux et entre bientôt dans l’œil du cyclone de la privatisation des derniers établissements publics. Son mari, commercial dans une société de pompes funèbres, vit sans grande émotion des déboires professionnels. Comment tirer son épingle du jeu quand l’individualisme prime sur la solidarité ? »

Je me suis régalée à lire cette dystopie. Oui, c’était comme un délicieux plat. Et à la fin, même si tu n’as plus faim, tu en voudrais encore. Je ressens toujours une forme de tristesse à quitter des personnages auxquels je m’attache durant la lecture. Amélie en fait partie, avec toutes ses collègues.

#3615mylife J’ai replongé sur le terrain, il y a un an, en juin 2022. Pour tenir, je me suis accrochée au fait d’offrir à ma famille un voyage. J’ai tenu aussi grâce à la direction. Sinon je me serai cassée vite-fait en courant tellement c’est toujours aussi ingrat et énergivore comme milieu.

#etlmsf Après la lecture de ce livre, je suis confortée dans la décision que j’ai déjà prise bien avant de le lire : quitter le milieu, pour de vrai. L’excuse de « je ne sais faire que ça », c’est une grosse vache (cf tuer la vache). Je le quitterai proprement, comme Amélie. Proprement c’est rapport avec comment une municipalité m’a jetée comme un mouchoir usagé, il y a quelques années, pour « insuffisance professionnelle » = rechute de hernie discale après mon deuxième accouchement et épuisement professionnel.{Aparté pour les ex-collègues qui adorent cancaner : c’est pas un scoop. Tout le monde le sait que je veux partir.}

Ce livre m’a renvoyée quelques années en arrière, lors de ce burn-out professionnel, dans ladite municipalité. Et encore plus loin en arrière quand ma mère me racontait son quotidien d’auxiliaire de puériculture dans une grosse municipalité. J’ai constaté par moi-même quelques mercredis avec elle, à la crèche ; dans le temps, c’était possible d’emmener son enfant au travail, sans trop abuser.

Pourtant l’histoire se déroule dans le futur. Comme quoi, le temps n’est pas si linéaire qu’on nous le fait croire et qu’on veut bien le gober.

Tout ça pour dire, c’est un livre qui vaut le détour. J’ai aimé le style, le rythme, les intrigues. Tout, sauf la couverture. C’est un détail.
Merci Anne-Cécile GEORGE pour ce bon moment de littérature. Je l’ai lu à la plage, au soleil du sud-est et au fond de mon lit avec une bronchite asthmatiforme : les aléas de la collectivité = épuisement, microbes et virus en tous genres.

Pour les curieux, Anne-Cécile GEORGE a écrit des chroniques sur le site des Pros de la petite enfance.
Elle a aussi écrit :

Sur YouTube

Et : https://www.dunod.com/livres-anne-cecile-george

Où se procurer NON CONFORME : FNAC

Le site internet : NON CONFORME

Y’a eu des journées comme ça…

Je dis souvent oui au lieu de dire non

A l’instar de « la parfaite maman cinglante » et d’un de ses écrits, le dernier en date « je suis cette maman qui dit non », j’ai voulu réfléchir plus posément sur la découverte récente du mon Laxisme…Enfin assumé (merci Laurence Dudek). Évidemment, je précise que je suis parfaitement imparfaite : en tant que mère et éducatrice de jeunes enfants. Mes fils sont grands et plutôt heureux et épanouis donc je ferai référence aux jeunes enfants pour lesquels je travaille. C’est différent puisque le lien affectif est tout autre, bien qu’il existe inévitablement. Je reprendrai quelques uns des non de L.Rousseau, car ils ne sont pas tous transposables à la crèche. J’ai dit oui (à mon cadet) à presque tous les non évoqués.

Ludivine Rousseau est inspirante. J’aime lire ses articles (malgré les pubs). C’est peut-être un manque d’originalité de partir de son postulat, mais pourquoi pas ?

Le voici :

« Cette éducation qui lui permet d’apprendre qu’on ne fait pas ce qu’on veut tout le temps et qu’on n’a pas toujours ce qu’on souhaite ».

Je suis certaine que l’on peut faire tout ce que l’on veut tout le temps et que l’on peut toujours avoir ce que l’on souhaite ». Même les enfants.
La détermination de mon cadet me le prouve quotidiennement. La limite étant la Loi.

Merci les zamis de face de bouc

Étant adepte du Laxisme (je lui mets une majuscule parce qu’il a le vent en poupe dans la sempiternelle gueguerre des éducations «c.la.mienne.la.meilleure »), je dis forcément OUI à tout.

Démonstration :

Je suis cette EJE qui dit oui quasiment tout le temps, sauf quand j’en ai ras la casquette. Tout est une question de patience, pour ma part. Chaque jour est différent.

Quand un jeune enfant veut que je le « fasse manger » je dis oui… Bien qu’il sache déjà manger seul. Parce que je n’ai aucune raison de dire non quand j’ai le temps de lui accorder ce temps privilégié. Je considère que s’il demande c’est qu’il en a besoin.

Je dis oui quand un jeune enfant change d’avis : finalement il veut sa tétine et son doudou pour dormir. Finalement il veut la couverture et en fait il ne la veut plus. Il ne sait plus, il est fatigué. Il lutte pour dormir parce qu’il craint la séparation. Il finit par dormir, avec ou sans la couverture. Après avoir jeté sa tétine et/ou son doudou. Qu’est-ce que ça peut faire ?

J’observe quand un jeune enfant veut faire la même expérience (appelée « bêtise » par le commun des mortels) qu’un autre qui vient de tomber et de pleurer. Et l’imitateur n’est ni tombé ni n’a pleuré. L’expérience était la sienne. Elle l’aurait été aussi si elle avait été la même. L’enfant en tire ses propres conclusions. Il recommence ou pas, tant qu’il en a besoin. Je dis oui quand c’est sans danger vital.

Je dis oui pour garder ou enlever les chaussures, les manteaux, par tous les temps. L’enfant est le mieux placé pour savoir ce qu’il ressent : le chaud et le froid. Dans notre société, les enfants sont extrêmement privilégiés. Peu d’entre eux se mettent dans l’inconfort. Par conformisme et pour éviter les plaintes, je rassure tout le monde : je remets inlassablement les chaussures et les manteaux ou je propose à l’enfant de retourner en intérieur. Mais je ne dis pas non.

La nuance est subtile et elle mérite d’être énoncée : je dis oui mais je ne fais pas toujours ce que je dis. Le fameux « fais ce que je dis, pas ce que je fais » des adultes touts- puissants MAIS à l’envers = je suis d’accord avec toi, mais le plus souvent je fais ce que veulent tes parents. Sinon je suis virée (ça je ne le dis pas. Je le lâche là, ça soulage). Le monde des adultes est tout de même souvent extrêmement chiant.

J’évite de dire non, parce qu’après ils le disent tout le temps, pour tout même quand ils voudraient dire oui.
Je préfère dire « et si tu faisais autrement ? ».

Quand j’ai eu la patience, je le faisais pour mes fils.

Et si tu regardais ce jouet dont tu as très envie et que tu l’ajoutes sur ta liste de cadeaux pour les anniversaires ?

Et si nous regardions un film ensemble, plutôt que plusieurs dessins animés ?

Et si tu faisais comme nous et que tu ôtais tes chaussures dans l’entrée de la maison ?

En conclusion, je trouve que la vie est suffisamment frustrante pour en rajouter des couches. Évidemment je le fais aussi, je suis une adulte avec un paquet de blessures, je projette et je perds parfois pieds. Pour autant, je fais l’effort de faire autrement, le plus possible. Histoire d’équilibrer la balance. Ça pèse trop dans l’adultisme. J’aimerai que ça devienne obsolète d’exiger de l’enfant qu’il obéisse juste parce que « c’est comme ça ».


Travailler à temps plein ?

Mes idées sur le sujet sont loin, très loin, d’être populaires.

Je trouve que travailler à temps plein avec les quotas actuels adulte/enfants, c’est une hérésie.

Les faits

Aujourd’hui c’est 1 adulte pour 8 enfants qui marchent et 1 adulte pour 5 enfants qui ne marchent pas.


J’ai aussi besoin de 8 paires d’oreilles et 8 paires d’yeux.


Les pros de la petite enfance ont autant de bras que les octopodidés, c’est bien connu. Malheureusement elles/ils n’ont pas autant de cerveaux. Pour les curieux : le poulpe est-il un génie avec ses 9 cerveaux ?

Quand la polyvalence a bon dos.
Pour précision, je ne suis pas contre. Sauf que ça ne peut pas se faire au détriment des enfants. Quand je dis ça, je dis être vraiment avec les enfants et pas debout à chaque instant en train de faire un truc qui peut attendre (comme la décoration ou raconter son week-end, par exemple)


Comme il y a des pros qui y arrivent « très bien » avec leurs cinq et huit bras (on se demande ce que cela signifie exactement), pourquoi le remettre en question ?! Et puis comme il y en a qui le font, pourquoi les autres n’y parviennent pas ?! Bah ptêt parce que tous les enfants sont différents ? Les lieux, les familles, les circonstances, les aléas de la vie font qu’il est impossible de travailler partout avec du « rendement ». C’est pas comme-ci les pros de la petite enfance étaient descendu.e.s dans la rue récemment.

Épuisement = absentéisme = épuisement = absentéisme… Qui de l’œuf ou de la poule ?

Soit les « dirigeants/décideurs » baissent le ratio, soit ils acceptent les contrats à temps partiel. Sauf que la réalité de la vie permet à très peu d’individus d’accepter de travailler moins pour inévitablement gagner moins. C’est un cercle vicieux.

Les conséquences

C’est simple, depuis que j’ai repris le travail, à temps plein, auprès des enfants, sur le terrain dans une crèche, je suis en arrêt de travail tous les mois. C’est un constat. Qui fait bien jaser.

-« Ouais Mickaëlla, elle est tout le temps malade, gna gna gna ».

Oui. Et alors ? As-tu une solution à me proposer ou critiques-tu juste pour déverser ton venin ?

Il y a des raisons à mes arrêts de travail. Je les pose là pour éventuellement nourrir les cancans des piapiailleuses (celles qui ne peuvent s’empêcher de parler sur les autres et qui savent mieux que la concernée elle-même. C’est un genre de super-pouvoir pourri).

  1. Mon immunité se refait une santé, après plus de 5 années sans travailler sur le terrain, avec les enfants.
  2. Les douces violences que je fais et que j’observe sont somatisées.
  3. Travailler à temps plein est devenu au-dessus de mes capacités physiques. Parce que :
  4. Je ne supporte plus la mauvaise foi de certaines collègues. C’est épuisant de former sans être formateurice et sans écoute professionnelle desdites collègues « sans formation ».
  5. La réalité c’est que je ne devrai plus être sur le terrain mais que c’est une passion. La passion c’est jamais une bonne raison.

Voilà de quoi débattre, au lieu de se focaliser sur sa pratique professionnelle personnelle.

Si chacune (je reste au féminin exprès. Rares sont les hommes dans le milieu) se concentrait sur sa conscience professionnelle, je pense qu’un autre niveau serait atteint. Mais on n’en est pas encore là. La nature humaine préfère juger au lieu de simplement accepter les autres tels qu’ils sont et telle que la vie se déroule.

En attendant, c’est sans moi que ça se passe. Parce que le médecin l’a décidé. Aucun arrêt de travail n’est posé sans raison. C’est fini le temps des abus. Si contrôle il y a, ils seront servis.

Quelque chose me dit que travailler moins et gagner moins nous ferait consommer moins et vivre mieux. Mais ça c’est mon point de vue. Si le vôtre fait avancer le schmilblick, ça m’intéresse ! Partagez-le ! Je vous répondrai avec plaisir.

Rodolphe

Parce que j’aime bien le renne au nez rouge.

J’ai enfin pris le temps d’analyser une situation professionnelle. Elle n’est pas que factuelle parce qu’à un moment donné il faut dire les choses et ici je me réserve cette possibilité. C’est ma planète. Le prénom a été changé. Seules mes collègues et les parents (s’ils lisent ce site, ce qui serait étonnant puisque quasi personne n’est au courant) pourraient reconnaître de qui il s’agit.

Rodolphe, 2 ans et demi vient de vivre dans sa vie l’arrivée d’un autre enfant. Autant dire un « priveur de maman ».

Il refait pipi sur lui. Il exprime des émotions à tout moment de la journée qui se traduisent par des pleurs qui durent et qui s’entendent dans toute la salle de vie. A chaque fois que c’est possible je réponds par ma présence et mon écoute. J’entends des collègues dire « il a un sale caractère ». Et paf une étiquette. Il a son caractère et c’est légitime. Qui n’a pas un caractère ? C’est à nous professionnelles de composer avec.

Chaque semaine les enfants changent d’agent à leur table du déjeuner. Un midi Rodolphe pleure avant le repas. Étant à une autre table qui demande mon attention, je pars du principe que la collègue fera le nécessaire. Sa réponse est de parler fort et de proposer la sieste « si tu pleures c’est que tu es fatigué » (certes oui mais il a sûrement faim aussi). Argument : ça dérange la tablée. De force (appelons un chat un chat, Rodolphe résiste, il a faim), il est emmené à son lit. Il hurle de plus belle l’expression de son émotion . Elle n’est pas terminée et il s’en ajoute une autre voire plusieurs autres : colère d’être incompris, d’être isolé, de ne pas pouvoir manger. Ce jour-là, il s’endort d’épuisement avec des sanglots dans son sommeil.

La semaine suivante je suis à sa table. Il pleure dès le lavage des mains. Je commence à comprendre que la matinée a généré un stress et qu’il a besoin d’exprimer et d’évacuer ses émotions quelles qu’elles soient. Je le prends dans mes bras et je l’accompagne par ma présence et mon écoute, tout en m’occupant du lavage des mains des autres et ensuite de ma table. La directrice comprend et prend le relais. 

Cela durera un moment. Plusieurs semaines. Le temps qu’il aura besoin de pleurer ses émotions. Peu à peu, elles l’envahissent moins. Il est écouté plus respectueusement et se sent autorisé alors les émotions s’apaisent.

En fait il n’a rien testé du tout. Ni nos limites ni les règles. Il a simplement traverser une épreuve à la maison. De fait, plusieurs se sont ajoutées à la crèche.

Nous nous sommes demandées : « pourquoi à l’heure du repas ? » Et bien peut-être que c’était le seul moment propice pour lui. Peut-être que le moment du repas lui rappelle la maison, sa maman, sa famille. Et peut-être une appréhension s’est installée suite à une compréhension erronée de ses émotions. Il ne s’agit que d’hypothèses.

Pendant cette période il avait très fort besoin d’écouter toujours la même histoire et parfois plusieurs fois de suite et plusieurs fois par jour. Sa maman a expliqué que c’était une histoire de son pays d’origine et qu’il préférait la version française. Alors l’outil a été utilisé autant que nécessaire.

J’ai entendu « y’en a marre de cette histoire » Certes mais si c’est un passage nécessaire alors nous l’écoutons autant que nécessaire. C’est l’essence même de notre métier de faire le nécessaire et d’être là pour les enfants accueillis. D’autant qu’elle plaît presque à tous les autres enfants aussi. Pourquoi les en priver ? Pour nos petites oreilles ? Changeons vite de lieu de travail si c’est insupportable !

Rodolphe a été blessé et j’ai participé à ça. C’est difficilement soutenable quand je sais les éventuelles conséquences. Je me sens souvent nulle dans ces moments-là. A tel point que ça me rend malade. Heureusement les enfants savent trouver la résilience. Mais ce n’est pas une excuse pour éviter de remettre en question nos pratiques. Ça ne peut jamais l’être. Jamais. Alors je lui demanderai pardon de ne pas avoir compris plus vite ce qu’il traversait. Parce qu’il a le droit d’entendre que l’adulte n’est pas infaillible et qu’il sait reconnaître ses erreurs.