Je suis née 3 années après la naissance du diplôme.
Je ne l’ai pas fêté.
Je devais me rendre samedi dernier à HETIS (au passage le H est vraiment de trop, j’ai eu honte) à Nice. J’avais réservé 4 ateliers, avec ma toute jeune et nouvellement diplômée collègue EJE. Vendredi j’étais sur les rotules après plusieurs jours à 2 au lieu de 3 pros dans la section des bébés. Samedi mon corps a dit STOP.
Ça m’a coûtée de rater cet événement et puis je me suis dis que ce n’était pas si dramatique. De toute façon je souhaite rendre ma casquette. C’est même un signe. Place aux jeunes !! Je pense que j’ai assez donné.
Il y a une autre grève qui se prépare en octobre. J’en serai pas non plus. Ma claque de tout ce raffut qui ne gêne personne, sauf les concerné.e.s. Je quitte le navire avant qu’il coule. C’est peut-être lâche, ou pas. Chacun son combat perdu d’avance, hein.
Suite au défi visibilité de Delphine Debeauve, le dernier exercice c’est de se présenter au monde telle que je suis, en vidéo !!
Je suis Mickaëlla. Créole métropolitaine qui comprend le créole de ma grand-mère et de mes parents mais qui est incapable de le parler !!! La suite en vidéo.
Telle que je suis c’est mon potentiel au service de ma vie et d’une société harmonieuse, à laquelle nous aspirons toutes et tous.
Vivante parce que le mode zombie, je connais. Il y a trop de morts-vivants sur Terre aujourd’hui.
C’est une évidence qu’en vivant telle que je suis, je serai un témoignage que c’est possible, accessible et même le sens de la vie. Alors autour de moi, les un.e.s et les autres s’autoriseront à leur tour et à leur rythme, à être qui ils sont.
Merci au groupe du défi visibilité qui m’inspire chaque jour. Merci infini à Delphine pour le temps et l’énergie qu’elle nous partage.
Aimons-nous vivants. (Oui c’est aussi une chanson).
J’ai déjà évoqué dans quelques écrits ma difficulté à la cerner : « sortez de votre zone de confort /pour changer de vie/ pour voir la vie autrement/pour vivre sa vie », etc.
Après avoir rencontré, suivi la pratique qu’elle propose puis écouté Charlotte Hoefman et Joachim, mon ego est en mesure de clamer haut et fort : « j’ai compris !!! » Quel mytho. Va falloir plus de temps que le soir même pour intégrer l’information.
Comme pour David Laroche, j’ai connu Charlotte Hoefman via sa chaîne YouTube, « par hasard ». J’ai fait l’effort de la rencontrer. Dans un grand groupe. Ce qu’à priori je déteste le plus, donc une des plus risquées sorties de zone de confort jusqu’à aujourd’hui. De ma propre volonté. Grâce à une amie. Je suis toujours vivante.
Il y a des vérités difficiles à contester. Telle que « c’est en forgeant que l’on devient forgeron ». A moins de naître avec un marteau à la main comme Thor. C’est un dieu. Ce week-end est inracontable, inqualifiable. C’est tentant de raconter mon histoire. En même temps, ça sera insuffisant pour partager la palette de ce qui s’y est passé. C’est mon week-end et celui du groupe. Il ne se passera jamais pareil dans un autre groupe, un autre week-end. C’est une expérience unique. D’ailleurs ces deux mots côte à côte sont redondants. C’est un pléonasme. Donc aucun intérêt de la raconter.
Ce qu’il faut retenir :
La groupie, que je suis, a rencontré Charlotte Hoefman et Joachim. Mon ego avait envie de le partager. C’est d’une intensité que j’irai vérifier si j’étais vous. Je suis sortie de ma zone de faux confort pour le faire.
David Laroche serait-il en désaccord avec ce titre ?
Longtemps j’ai pensé que j’étais parfaitement douée en procrastination. Tout remettre à plus tard. Faire au dernier moment. Ma spécialité c’est faire dans l’urgence. Non que j’adore ça, mais c’est seulement ainsi que ça semble fonctionner.
Contrairement à GI dans la vidéo de David, chez moi, c’est l’angoisse (notamment de la page blanche) et aucune récompense en retour. Quand je reporte, je n’ai pas l’impression que c’est pour de l’agréable. Compulsivement, je mise sur les tâches du quotidien ou je perds mon temps sur YouTube. Sans plaisir puisque la culpabilité ne me lâche pas.
Ça ne concerne que ma vie privée, mon épanouissement personnel. Quand je travaille, je n’attends jamais. Je fais même immédiatement et c’est très frustrant quand les circonstances m’en empêchent.
Depuis un long moment déjà, je sens que le procrastination est une énième étiquette pour parler d’un phénomène exclusivement humain. Alors que je le ressens plus comme « ce n’est pas le moment », tout simplement. J’ai déjà tenté de m’y mettre avant d’atteindre la date échéance écarlate, ça ne donne pas un résultat meilleur. L’urgence est ma solution. C’est devenu une croyance que c’est mieux comme ça. Parce que la plupart de mes expériences l’ont démontré. Pourtant cela génère du stress. Nécessaire ? Évitable ?
J’ai accroché tout de suite avec David Laroche, il y a quelques années. Il est charismatique. Puis je me suis lassée de tout ce dynamisme et j’ai arrêté de l’écouter. Sûrement parce que je n’arrivais pas à le suivre.
Globalement, je me lasse rapidement d’écouter des gens en vidéos. Je préfèrerai parler avec eux, directement. C’est aussi pour cette raison, que je me détache peu à peu des réseaux sociaux. Paradoxalement, je ne fais pas plus d’effort pour les rencontrer.
J’ignore pourquoi ma vie est telle qu’elle est. Ce que je sais, c’est que la motivation n’a rien à voir avec ce qui est nommé « blocages ». Nous sommes d’accord, David et moi à ce sujet. C’est bien plus compliqué que ça. J’ai besoin d’être alignée. De sentir. De ressentir que c’est possible. Que c’est maintenant le bon moment.
C’est lent. Très lent. Et en même temps, suis-je pressée ?
Si j’étais un mammifère sans obligations matérielles et financières, aurais-je besoin d’objectifs à atteindre, de rêves à réaliser, d’argent à gagner ? Et si je n’avais pas envie de vivre la vie proposée aux humains ? Et si j’avais juste envie d’ ÊTRE ici, pour vivre tout simplement avec ce que la nature m’offre ? J’imagine qu’on me répondrai que je me serai incarnée en marmotte, si tel était le but de mon existence. Or je suis Mickaëlla. Et en même temps, je suis là pour être qui je suis et pas ce que l’on me demande.
Je suis ici pour montrer qu’il est possible d’Être avant de faire.
La procrastination n’existe donc pas. Il y a toujours un moment opportun pour tout. Si ce n’est pas maintenant, c’est plus tard, ou pas.
« Procrastiner, c’est se donner le droit de faire ce que l’on veut. Procrastiner, c’est s’accorder d’écouter au lieu de dire, de regarder au lieu de pointer du doigt. Prenez l’exemple de la lecture. Quand vous avez pour la première fois été capables de lire un livre, vos parents ne pouvaient vous en décrocher : vous vouliez toujours plus d’histoires, plus de contes, plus d’aventures. Et du moment que l’école a commence à vous dire qu’il était obligatoire de lire, alors chaque page est devenue corvée. Car en vérité, ce sont bien les délais et les obligations qui minent nos existences. Donnez une balle à un enfant et il jouera avec toute la joie qui lui est caractéristique. Forcez-le à faire du sport parce que c’est pour son bien , et soudainement le ballon rond perd toute sa magie. »
(Le mois de mars. J’aime pas la barre chocolatée.)
Je connais Delphine depuis quelques années. Je ne sais plus si c’est via Fabienne Bizet ou l’inverse. Je suis abonnée aux messages de l’univers. Ces messages quotidiens sont appréciés par mon âme, moins par mon mental.
J’ai accepté le défi de Delphine ! Ça m’a coûtée un petit bout d’alignement avec mon cœur. Parce que j’ai ré-ouvert un compte fb pour rencontrer la communauté. Je sais les bienfaits des échanges avec une communauté bienveillante qui te ressemble. Je me rappelle aussi pourquoi j’ai quitté Mark.
ça démarre fort : vraie photo de profil, selfie, présentation, partage de comptes réseaux sociaux. Le défi n’a pas encore démarré ! Bref, tout ce que je déteste de la VISIBILITÉ 2.0.
Mars sera chargé. Je sens l’énergie qui revient après un début d’année COVIDESQUE !
Je pars en reconnexion avec moi-même, accompagnée d’une amie, chapeautées par Charlotte Hoefman.
💛 Coup de cœur de la soirée : 3 livres. 3 aventures de Norbert, un épouvantail extraordinaire et ses touchants amis.💛
Choisi sur le site internet de la médiathèque (plus le droit d’entrée sans passe. OUI, je l’écrirai jusqu’à ce que cette hérésie s’arrête). Limitée à une nouveauté en ligne. Sur place (click&collect devant l’entrée), la médiathécaire a accepté volontiers de nous prêter les 3 en une seule fois. A notre grande joie !!!
J’étais tellement enthousiaste à leur lecture. Tellement émue ! Les pépites à mon cœur sont rares.
En ces temps étranges, quand je regarde le monde, il m’arrive, trop souvent à mon goût, de me demander ce qu’il reste d’espoir. Quand je lis des livres différents, comme ces trois-là, et j’espère beaucoup d’autres, je me dis que tout n’est peut-être pas perdu.
Les enfants, pour la plupart, parviennent à garder leur joie innocente. J’ignore comment ils font au milieu de ce raffut « mondial » et avec tout ce qu’ils subissent.
Romain a apprécié ces trois lectures et a beaucoup ri en répondant aux questions à la fin des histoires. Nous avons passé un doux moment, serein et joyeux à remplir nos seaux respectifs.
@jout : le lendemain pour s’entraîner à la lecture, il a voulu lire « la belle histoire ». Lui et moi avons découvert qu’il lisait avec plus d’aisance cette police d’écriture et qu’il faisait les liaisons sans même y penser. Alors que c’est encore haché et hésitant avec les « Sami et Julie » du CE1 (pour comparer). Il s’est senti en confiance et tout content de pouvoir lire de façon fluide. Il m’a dit qu’il trouvait que c’était plus facile parce que c’était moins petit. Mais quand je regarde, la taille est la même…
Ces histoires ne servent pas de fuite devant un monde qui déraille. Elles permettent que le monde change. Les contes emplis d’altruisme véhiculent un message que l’humanité semble oublier : la bonté sauvera le cœur des humains afin qu’ils re-deviennent des êtres humains.
Est-ce naïf d’y croire ou de s’y accrocher ? Celles et ceux qui pensent que oui ont peut-être trop de certitudes. Et d’après un grand philosophe :
Merci Isabelle BRAMME-ABELLO et Emma DARCY et à tous ceux qui les ont inspirés ! J’ai raté la campagne Ulule et en même temps je les ai découverts et c’est bien l’essentiel !!
L’Italie nous surPASSE semble t-il. En effet, la situation est tellement graaaaave… Il parait que là-bas, ils marchent sur des cadavres à tous les coins de rue, c’est l’horreur, comme dans Contagion.
Est-ce que ça sert à quelque chose si je demande des explications ? Hum ? Il me manque des pièces à ce puzzle. Exemple : pourquoi les vaccinés ne vérifient-ils pas s’ils sont porteurs ou non du virus, puisqu’ils le véhiculent aussi ? Quelqu’un.e aurait-iel une réponse à cette question ? Dans un monde juste et équitable, un vrai passe sécuritaire sanitaire (autant aller au fond du fond des restrictions des libertés individuelles) proposerait 2 options : avoir contracté le virus ou avoir eu un résultat négatif à un test (fiable, si possible). Ou alors j’ai un sérieux problème de compréhension…Il y a possibilité de me répondre en commentaire. Je lirai vos suggestions. Merci d’avance d’éclairer ma lanterne.
La sentez-vous poindre le bout de son nez cette troisième dose obligatoire à venir ? Et la 4ème ? Et la 11ème ? Mais il va falloir rendre le vaccin de la grippe obligatoire aussi, parce qu’il y a des morts chaque année. Et oui, la grippe n’a finalement pas disparue. La gastro non plus d’ailleurs, mais elle ne tue pas, elle fait juste chier suer.
Le rapport avec la petite enfance ?
Sans transition, c’est une chanson espagnole qui illustrera cette digression d’actualité :
« Conte » (parce qu’il y a une magicienne) inspiré d’une journée particulièrement folklorique.
Il était une fois une magicienne de la société occidentale moderne … [Pour situer le contexte : c’était durant sa formation qu’elle a cru qu’elle apprenait la magie. Elle a pensé qu’elle pourrait se servir de toutes les solutions proposées et apprises au pays de la Théorie simplement en pointant sa baguette avec une jolie formule magique. Erreur de débutante. Ce qu’elle a constaté, c’est que la théorie ne sort, pour ainsi dire, jamais des frontières de son pays. Le crédo « en Théorie, tout se passe bien » est véridique, surtout parce qu’en Théorie, il ne se passe rien. Elle a aussi appris à faire illusion, et encore quand ça fonctionne…l’illusion est un art très peu abordé en formation. C’est sur le terrain que ça se corse quand YakafaukON oblige à développer des stratégies d’illusionnistes. Illusionniste, c’est un autre métier, ça mérite d’être souligné.]
Après sa formation, elle a vite constaté que le pays de la Pratique était fort fort lointain, et surtout à des lieues de celui de la Théorie. Elle avait pourtant lu, dans tous ses livres de magie, qu’il était de l’autre côté du long fleuve tranquille de la Vie. Soi-disant sur l’autre rive. Il suffisait, naguère, de traverser à gué, puis sur un radier, puis sur une planche. Avec le temps la traversée s’est faite sur une passerelle, puis sur pont, puis sur un viaduc…vous aurez compris, les deux rives se sont complètement perdues de vue. Tous ces constats ne l’ont jamais empêchée de rester convaincue qu’elle était magicienne. Sortie diplômée de l’école des magiciens, à priori c’est normal. Tous ses collègues se sentaient prêts et motivés, comme elle.
…Au début de sa « carrière », elle se rendait à son travail, tous les jours, avec bonne humeur et légèreté, jusqu’au jour où elle se rendit compte que sa baguette n’avait aucun pouvoir. Rien, nada, queue dalle…Elle a d’abord pensé qu’elle (la baguette, pas la magicienne ; enfin, pas encore) était en panne. A tort. Finalement, à chaque fois qu’elle avait obtenu un résultat en l’utilisant, c’était simplement grâce à ses compétences professionnelles. Sans magie, aucune. Elle savait réfléchir et agir en fonction des situations simples et même complexes.
Quelle désillusion, tout de même, de posséder un outil inutile quoi qu’accessoirement très joli. Et en même temps, quelle révélation !
Il parait que pour tout problème il y a une solution et s’il n’y a pas de solution, c’est qu’il n’y a pas de problème. C’est bien joli, mais c’est complétement faux. Qui a pondu cette ineptie, au fait ? La magicienne a rencontré, en très peu de temps, des tas de problématiques sans aucune solution envisageable. Non par manque de recherches, de motivation ou d’une éventuelle absence de connaissances…non, non. Aucun « abracadabra » ne fonctionnait. Elle travaillait en équipe, elle n’était jamais seule. Les magiciens du 21ème siècle travaillent en groupe. Personne ne trouvait de solution. Or il y avait immanquablement un problème, toujours. Elle a tenté l’illusionnisme, sans trop de succès, ça passe quelques temps et puis ça finit par s’effondrer avec pertes et fracas. Avait –elle seulement envie de faire illusion ? C’est comme une imposture de se faire passer pour quelqu’un d’autre. Elle s’y sentait obligée. Cest qu’il FAUT faire bonne figure dans la société occidentale moderne, sous peine de réprimandes.
Pour finir, elle a découvert, durant un long processus usant, une nuance stupéfiante. Il y avait un problème, car rien ni personne n’avait intérêt à ce qu’une solution soit trouvée. Aucun intérêt à ce que les choses changent. La magicienne se retrouvait face à un mur comme un bouclier anti-magie, avec tous ceux qu’elle accompagnait, bon an mal an, depuis des années. Il y avait le choix entre rester devant le mur et se lamenter ou le longer pour trouver une brèche ou faire demi-tour. Tout a été essayé. Chacun qui se retrouve devant ce mur, même avec de la magie sous le coude, décide de la suite des événements. Lorsqu’il y a une brèche, c’est seulement le début d’un parcours du combattant digne des 12 travaux d’Astérix et de l’obtention d’un papier chez les Vogons (cf : le guide du voyageur galactique)
Quelqu’un a dit un jour à la magicienne que la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Merci bien. Elle avait déjà
remarqué qu’un fleuve est surtout impétueux. Ainsi va la vie. Elle en a déduit que c’est plus simple de suivre le courant que d’essayer de le remonter, surtout à la nage (on n’est pas des saumons)… A chacun de prendre la décision de regagner la rive,
n’importe laquelle, avant de se noyer. Quand on est épuisé, on échoue là où le courant nous porte : Théorie ou Pratique.
La magicienne de ce conte occidental et moderne, s’est faite une raison. Elle tentera tout ce qu’il est impossible de faire sans baguette, grâce à la magie que peut apporter la Vie.
Parfois il y a une issue et s’il n’y en a pas il reste la possibilité de casser le mur. Les plus téméraires peuvent escalader le mur après y avoir fait pousser du lierre…et en s’armant de patience ! Ou alors il suffit de mener sa barque et de rester sur le fleuve à admirer les deux rives, quand on s’en approche. Accoster de temps à autre pour trouver de la nourriture. Mais en restant sur le fleuve, ça sert à quoi d’être une magicienne ? En plus sans pouvoirs magiques ?
Fin
Loin de moi la prétention de me faire passer pour une conteuse. J’écris pour faire un peu de place dans mon cerveau, qui mouline sans arrêt. C’est presque thérapeutique. Je le partage car je lis énormément de textes qui me font du bien et que d’autres ont gentiment mis à disposition de tous sur le net.
Je vous présente ma première histoire (semi-autobiographique).
J’ai rencontré beaucoup de belles personnes sur mon chemin, d’autres caméléons, des zèbres aussi, un magnifique flamant rose…Je le leur dédie.
Le chemin continue. Les rencontres aussi.
Kalamita est une jeune caméléon.
La légende dit que les caméléons se camouflent selon l’environnement extérieur pour échapper aux prédateurs. Sauf Kalamita. Sa particularité la différencie de tous les autres caméléons car elle arrive seulement à devenir rouge ou blanche. Au repos, elle est rose.
C’est complètement aberrant, car elle a grandi dans une ville grise. Elle a donc toujours été visible comme le nez au milieu de la figure. Quand les émotions sont trop fortes, elle vire au rouge écarlate et parfois sans émotion ça peut lui arriver aussi. C’est très gênant. Au lieu de se fondre dans la masse, tout le monde la remarque. Le comble, c’est qu’elle déteste attirer l’attention.
Heureusement la science s’est rendue compte que changer de couleur n’était pas un art du camouflage chez le caméléon mais bel et bien l’expression d’émotions ou un changement de température. Kalamita est une caméléon érudite, elle a beaucoup lu et elle a été rassurée d’apprendre qu’il n’y avait rien de grave à avoir des émotions. Par contre, c’est compliqué de l’expliquer aux autres. Reste aussi cette palette jugée très minimaliste par ses congénères. Rose, blanc et rouge, c’est vraiment pauvre comme variétés de couleurs. Dans sa grande famille, ils sont bien plus colorés que ça. C’est que Kalamita vient d’une famille tropicale et métissée. Elle ressemble tout de même à son père, sa mère et une de ses 3 sœurs.
Elle s’est trouvée différente par rapport à ses cousins et ensuite par rapport aux autres caméléons à l’école. Elle avait souvent honte, elle devenait rouge. Quand elle devait parler devant les autres elle était rouge. Quand les autres parlaient d’elle, elle devenait rouge, rouge, rouge. Quand elle était malade elle était blanche. Quand elle avait peur, elle était si pâle qu’elle semblait disparaître. Être effacée c’était très facile pour elle. Quand l’été arrivait son père l’appelait « blancheur des neiges » mais avec le soleil c’était » rose écrevisse » et parfois « rouge carmin » et c’était très douloureux.
Un jour Kalamita en a eu marre. Elle s’est renseignée pour être comme les autres. Elle a vu une quantité de spécialistes, coloristes…personne n’a pu l’aider. C’était une spécificité contre laquelle il n’y avait rien à faire. Bon. Ils avaient raison. Alors elle a fait avec. Elle a juste réussi à être encore plus pâle : rouge pâle, rose pâle et encore plus transparente quand elle était blanche. Elle passait inaperçue, enfin. C’est exactement ce qu’elle souhaitait !
Elle s’entendait bien avec tout son entourage affectif et professionnel. Elle disait le plus souvent possible ce que les autres souhaitaient entendre. Elle les contredisait rarement, sinon ça se voyait trop qu’elle était bizarre. Elle avait encore des sursauts de colère, de « rebellattitude », d’anticonformisme, sinon elle risquait de finir par exploser, mais c’était discret. Elle ne se mettait jamais en avant, même quand c’était pour ses idées, ses valeurs auxquelles elle tient tant.
Et puis elle est tombée malade. Aucun spécialiste n’a trouvé la raison de ses divers maux. Elle pleurait souvent, sans aucune raison apparente. Elle ne comprenait plus rien ni personne. Peu la comprenait. Tout l’épuisait. Dormir ne la reposait plus. Elle avait mal. Jusqu’à ce qu’elle devienne bleue et coincée au lit. Un médecin lui a dit « mais vous êtes spasmophile ! Ça se traite ». Un caméléon spasmophile, c’était du jamais vu. C’était surtout peu sérieux. « Tout ça, c’est dans votre tête ! »s’est-elle entendu dire maintes fois.
Une amie, elle aussi, rouge, blanche rose et souvent bleue est venue en vacances un été. L’été où tout a commencé- inexorablement lentement mais sûrement- jusqu’à la piste d’un diagnostic l’année suivante : le spectre autistique. Cette chère amie venait d’être diagnostiquée autiste Asperger.
Un caméléon spectre et autiste !? Allons donc.
Kalamita a suivi la piste, mais les spécialistes, une nouvelle fois unanimes, ont répondu « non, ce caméléon est rose mais pas autiste ! Même si elle se situe dans le continuum, aux frontières du spectre, avec des fortes caractéristiques et un trouble de l’attention » (le fameux trouble qui n’en est pas un).
Kalamita s’est faite une raison, bien qu’elle reste dubitative. Après tout, elle est un caméléon en bien meilleure santé depuis qu’elle a du cesser de travailler. Certes, elle fonctionne autrement. Elle navigue à vue, sans boussole, dans toutes les directions. Elle continue à chercher à comprendre le monde dans lequel elle vit sans parvenir à faire pareil, car elle perçoit la vie à sa façon. Elle peut être maladroite, dans la lune, hypersensible, désagréable quand elle fatigue, déconnectée quand elle est épuisée et un rien l’épuise bien plus vite que la moyenne. Le souci c’est ne pas savoir pourquoi elle est différente et…quoi faire de cette différence, rarement un atout. Ça la ramène parfois sur le chemin où elle finit par devenir l’ombre d’elle-même.
Kalamita se dit que si elle savait enfin ce qui la rend spéciale mais qui est aussi mal accepté et mal perçu par son entourage, elle serait au moins rayée : rouge, blanc, rose et bleu et d’autres couleurs. Elle se sentirait presque complète et moins décalée. Toutes les pièces du puzzle seraient assemblées.
Kalamita a parfois l’impression qu’elle touche au but. Il lui semble qu’il ne manque plus qu’une pièce à ce vaste puzzle. Le temps passe. Elle parvient à vivre sans cette pièce. C’est possible. Souvent douloureux. La douleur est une fidèle compagne. Un jour il faudra qu’elle s’en aille cette douleur et que la sérénité la remplace. Alors, Kalamita cherche en elle, car à l’extérieur, personne n’a su répondre à ces mille questions. Chaque rencontre est un beau morceau du chemin qui l’aide à avancer. La réponse à la question, c’est à elle de la trouver.
Le rapport avec Planète EJE ? L’enfant intérieur. C’est lui qui détient les secrets et les clés.
Guider c'est montrer les pistes. "Chacun sa route, chacun son chemin". La solution est en chacun de nous.