Récemment, je me suis posée la question des films qui ont jalonné ma vision du désir et de l’attente d’un enfant, de la naissance, de la maternité, de la petite enfance, de la parentalité et de la famille. Combien m’ont marquée ? 9, comme une grossesse.
Dans le désordre :
Vu dernièrement : la tente écarlate. La naissance et la maternité dans toute leur splendeur et leur vulnérabilité. La filiation y est primordiale et paradoxalement si fragile à cette époque. Etre fille ou fils de et parfois ne plus jamais revoir ses proches, tout est possible. Le destin est souvent tragique.
encore éblouie par tant de beauté brute ! La naissance reste l’événement le plus douloureux de la Vie, quand la mort est une délivrance (en tous cas chez les orientaux).
Tellement réaliste. Etre mère c’est rarement « que du bonheur » au quotidien.
Un coup de cœur ou au cœur, j’hésite : Captain Fantastic. Une ode à la famille LIBRE !!
Unique film, dans lequel la relation mère-enfant, m’a fait pleurer en sanglots incontrôlables, dans une salle de cinéma : la passion du Christ, de Mel Gibson… Chéri ne savait plus quoi faire et moi non plus. Je serai incapable de le visionner une seconde fois.
@jout : Ma mémoire a retrouvé un dixième film et coïncidence, c’est Mémoire effacée : ce lien indestructible entre une mère et son enfant, jusqu’à la fin. C’est puissant.
Je remarque qu’il y a très peu de films français. C’est rare qu’ils me fassent vibrer, rêver ou même me sentir concernée. Je les trouve, souvent, trop exagérés, voire caricaturaux. « Je veux tout » et Enorme m’ont exaspérée.
Quels sont les vôtres ? Partageons, pour compléter nos coups de cœur les un’e’s les autres ?
L’aîné est majeur et vacciné. Avec nous, il traverse les étapes du haut de ses 20 ans…
Mais comment va le cadet ? Il a eu 6 ans en comité restreint, lui qui dès l’année dernière avait décidé de le fêter avec « des autres ». Je préfère les anniversaires en famille mais j’écoute les envies des garçons. C’est important qu’ils soient plus sociables que moi.
Pour nous tous, la brutale sensation de mauvaise surprise passée, il y a eu le déni, la colère, le marchandage, la dépression nous y sommes encore, je pense, avec des allers retours entre colère et marchandage…Et pour finir arrivera l’acceptation. Un jour ou l’autre. C’est comme un deuil. Le deuil de la vie d’Avant.
La vie d’Avant était plus ou moins satisfaisante. Le fait est que c’est la seule que nous connaissions. Elle était devenue confortable, avec ses routines, année après année. C’est ainsi que nous avons grandi, dans la plupart des pays occidentaux, dits développés.
Chez nous, les deux premières semaines ont ressemblé à une vaste blague. Depuis longtemps j’hésite à pratiquer le unschooling. J’ai arrêté d’hésiter. Non seulement « l’école à la maison » nous est imposée mais surtout, c’est trop tard. L’école est déjà passée par là. Ou alors il faudra plus de temps pour trouver nos repères. Quelque chose me dit que du temps il y en aura…Plus qu’on ne le pressent…
Pour en revenir à la question de départ. Sans que je l’interroge, le Cadet a dit « de toute façon je préfère jouer ». A la maison, il en a tout le loisir. Quand il veut, sans contrainte. Ça lui plaît.
A côté de ça, il s’endort très difficilement, parfois pas avant minuit. De fait, il pratique beaucoup moins de sport et surtout je le laisse dormir le matin. Il est beaucoup moins fatigué. Tout comme moi. Calqué sur mon rythme de chômeuse, il n’a plus de rythme scolaire. Le changement d’heure a ruiné nos tentatives de recalage. Il n’y a plus ni jour de la semaine ni heures.
Il paraît que nous devons mesurer notre chance d’avoir de l’extérieur. J’en ai marre de cette échelle minable du confinement. Que je profite d’un extérieur ou non, les émotions dues au fait d’être séparés, sans savoir jusqu’à quand, de nos proches vulnérables ou pas, elles sont là. Bien réelles et présentes.
Nous évitons, tant que possible, d’aborder des sujets sensibles. Un enfant est une éponge émotionnelle. Il sentira, que nous lui disions ou non, ce qui nous tracasse.
L’impuissance et surtout la distance sont les pires ressentis du moment. Il les sent. Il les exprime à sa manière. J’ai choisi de dire avec des mots simples et avec parcimonie. Sans TV ni radio en fond sonore, ça nous facilite la tâche du tri médiatique. « Dehors, il y a un virus qui rend très malade. Tous ceux qui le peuvent doivent rester chez eux et éviter au maximum de sortir. »
Alors comment va t-il ? Il semble serein. Comme nous, mais en décalage. Avec des accès de colère et de chagrin qui sortent de nulle part, au premier abord. Si je creuse, je sais très bien d’où ça vient.
Il accepte de ne plus aller à l’école, un peu comme des grandes vacances, à la maison. Il accepte de sortir beaucoup moins souvent et se contente du bout de jardin. Il accepte que les vacances chez les mamies et papi soient annulées. Il accepte de manger ce qu’il y a ou pas et d’attendre les prochaines courses (ce qu’on a trouvé) un peu plus longtemps qu’avant. Il accepte que la fête de famille n’ait pas lieue. Il accepte de ne plus nous accompagner dans les magasins encore ouverts. En fait il ne sait rien de ce qu’il se passe dans les villes alentours et nous non plus. Il accepte de ne plus aller à la plage alors qu’il adore ça. Il a accepté de fêter son anniversaire sans copains et pas où c’était prévu. Il a accepté que sa chambre devienne le bureau de son père pour le télétravail. Il a accepté de jouer dans le salon pour éviter de déranger…
Tout ça jusqu’à nouvel ordre. « Ce sera quand le nouvel ordre ? » Si nous le savions…Il y a si peu de réponses et de visibilité dans l’à-venir.
Mais quel calme, quelle patience !!!! Quelle adaptabilité !
C’est LUI le héros de cette période si étrange et particulière. Tous les jours il me montre le chemin du Carpe Diem. Sacrée leçon. Je suis une mauvaise élève. Je trépigne, je m’énerve, je me fâche, je lui fais des reproches, je m’ennuie, je regarde trop souvent mon téléphone. Je culpabilise.
-« Maman ? papi et mamie ils vont attraper le virus ? » – « je ne sais pas ». « Est-ce qu’ils vont mourir à cause de ça ? Et moi ? Et toi ? Et papa ? » -« je ne sais pas ».
La seule chose que nous savons c’est qu’il est préférable de rester à la maison…Jusqu’à nouvel ordre.
Dans ma famille, j’ai fait l’expérience de la différence et de l’absence. Tout autour de moi, j’observais des familles qui semblaient unies et heureuses. Les camarades étaient accueillis par des papis et des mamies à la sortie de l’école. Ils leur préparaient des gâteaux, ils jouaient avec eux. Chez moi, ce n’était rien de tout ça. J’ai fini par trouver la seule grand-mère présente dans mon entourage, bizarre (et venant d’une enfant dite bizarre, c’était le comble !)
Quand j’ai rencontré le père de mes enfants, j’étais enthousiaste à l’idée de découvrir sa famille « normale ». Mes fils ont deux grands-parents paternels qui ressemblent un peu plus à ceux de ce livre. Je ne dénigre pas ma famille maternelle. Elle est extraordinaire. Sa particularité est la distance qui nous sépare d’elle. Les liens en souffrent sur le long terme.
Ce livre est d’autant plus émouvant qu’il évoque aussi la distance, sur moins de kilomètres. Un train suffit à les rapprocher. C’est l’avion pendant toute une nuit ou toute une journée qu’il faut prendre pour des retrouvailles avec ma famille.
Le rôle des grands-parents a déjà occasionné des questions de la part de mon Cadet, notamment par le biais des dessins animés. Par exemple, les grands-parents de Caillou sont très présents dans la vie de ce garçon et de sa sœur. Cette famille respire le bonheur et représente peut-être même la famille idéale ou une idée de la perfection. C’est une fiction. Si une famille de ce genre existe dans la vraie vie, je veux la rencontrer !!! Mon fils aîné s’est adapté à la particularité de ma famille, tout comme moi. Il a eu la chance de grandir aux côtés de ses deux grands-mères et d’un grand-père. Il a aussi tissé un lien fort avec son grand-père maternel, malgré les milliers de kilomètres entre eux. Le cadet a une relation différente avec tous ses grands-parents du fait de la distance des 4. Alors la période des pourquoi a été intense : « pourquoi je n’ai jamais vu ton papa ? Pourquoi mamie ne vient pas me chercher plus souvent à l’école ? Pourquoi papi et mamie sont loin ? Pourquoi ils ne sont pas là à mon anniversaire ? etc.»
Ce livre permet d’aborder la joie et la tristesse autour des retrouvailles et des séparations. C’est beau et juste.
Merci à Valérie Guénec pour le choix des mots. C’est tendre et poétique.
Gratitude à Roseline d’Oreye pour ses illustrations vivantes et colorées.
Voilà une idée cadeau aux grands-parents, à glisser sous le sapin !
C’était la dernière lecture partagée de l’année. Je continuerai à publier mes coups de cœur littéraire en rapport avec l’enfance, de temps en temps.
Je parle peu cinéma sur ma petite planète. C’est tellement personnel ce que je ressens après avoir vu un film. Je me vois mal partager mon avis sur chacun.
Tully est une exception, pour au moins deux raisons :
1. Ce film raconte du vécu (fictif certes, mais complètement probable, car déjà observé). Marlo cumule : une pré-ado, un enfant « singulier » (elle a raison, qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire !?!) et un bébé « surprise ». C’est beaucoup pour une seule femme. Mais ça arrive plus souvent qu’on ne le pense.
2. La version française cite les AVS et les EJE. J’ai même sursauté quand j’ai entendu : « c’est la baby-sitter, elle est éducatrice de jeunes enfants ». C’est un bon début, même si c’est une baby-sitter et qu’elle est légèrement bizarre.
AVS et EJE dans un même film, c’est suffisamment rarissime pour que ce soit remarquable. Qui d’autre y a fait attention, me demanderez-vous ? Si je vois le verre à moitié plein, j’ose penser que chaque spectateur l’aura, au moins, entendu. C’est déjà ça. Petit à petit.
Mon avis :
Pour partager quelques ressentis du film, je l’ai trouvé esthétiquement réussi. Mes yeux ont apprécié la douceur de la caméra et mes oreilles, celle de la bande-son (sauf à Brooklyn). La performance de Charlize Theron est bluffante. Celle de Mackenzie Davis aussi. C’est un film très étrange. La fin dévoile avec finesse le pourquoi de cette sensation de malaise, que j’ai eu dès l’apparition de la « nounou de nuit ».
J’ai pris connaissance des « nounous de nuit » quand j’avais une page Facebook, via la page (elle existe plus) de la Ptite Sylvia. En France, le site « ma bonne fée » propose les services de nurses de nuit (et de jour) ainsi que Christelle et les petites fées du sommeil. L’idée m’avait parue, à la fois, saugrenue et pertinente (cf. mon sens du paradoxe)
Saugrenue parce que le lien entre la mère et le bébé n’appartient qu’à d.eux, les premières semaines. Comment laisser une parfaite inconnue s’immiscer entre d.eux ? Le tiers est le/la partenaire de vie puis la famille, par extension. Cela dit, en France, nous confions nos bébés de 2 mois et demi à de parfaits étrangers, donc…Donc, pourquoi pas à une nounou de nuit ? Pour prendre le relai ? Marlo donne l’impression d’avoir plus besoin d’une aide pour la journée et la fratrie.
Pertinente car une mère n’est pas censée être seule, pendant les premières semaines, avec son nourrisson ET un foyer à tenir. C’est une hérésie moderne occidentale qui a créée les fameux burn-out et baby-blues. Ça swingue en anglais. En français c’est plus psychiatrique : syndrome d’épuisement maternel, dépression post-partum et plus si affinités telle que la psychose puerpérale, entre autres.
Quelques traditions :
qui se rappellent qu’une grossesse, un accouchement et l’arrivée d’un bébé, c’est éprouvant.
« AU JAPON : ANSEI
la maman est aussi choyée que son bébé après l’accouchement. Pendant trois semaines, il est traditionnel pour la jeune maman de rester au lit, voire de séjourner dans la maison de ses parents. C’est aux autres membres de la famille que reviennent le ménage, la cuisine et les autres corvées, afin de lui laisser le temps de se reposer et de créer des liens forts avec son bébé.
EN AMERIQUE LATINE : LA CUARENTENA
Dans certains pays d’Amérique latine comme le Guatemala, la jeune maman qui vient d’accoucher n’a pas le droit de quitter la maison pendant 40 jours après l’accouchement. Le but est de faire en sorte que la jeune maman récupère et accumule suffisamment de forces et de nutriments pour produire un lait maternel riche et épais. »
La nuit, le cododo m’a épargnée de devenir un zombie à force de me lever, de marcher sur des legos et d’attendre que bébé soit suffisamment épuisé pour accepter d’être allongé tout seul dans SON lit…alors que nous venions de fusionner durant 9 mois. Quand le bébé est nourri au sein, ça peut devenir éreintant quand on sait que le lait maternel se digère en 20 minutes. Les nuits de pics de croissance, si tu te lèves à chaque tétée, tu risques d’aller droit dans le mur.
Marlo, elle gère ! Aussi grâce à Tully, mais à quel prix ? Vous le saurez en regardant le film.
Comme prévu, la suite de la remise en ordre du cafoutche !
"Même pas mal". Cela aurait pu s’intituler :
"aimer notre enfant, savoir lui dire oui et non".
L’enfant provoque pour avoir une réponse claire. Pour imager, son cerveau ressemble à un code pénal. A droite il y a la page « bêtise à éviter » et sur la page de gauche c’est « bêtise à refaire » selon la réponse des adultes. Pour remplir son code pénal, l’enfant vérifie régulièrement les limites.
Petit historique : depuis 1987, l’autorité parentale est conjointe. Auparavant, seul le père avait ce droit. La figure paternelle était toute puissante. Selon Jean Epstein, c’est une période qui a fabriqué des enfants inhibés et/ou rebelle (je ne peux que cautionner)…mais dans le code pénal des enfants il y avait, tout de même, moins de « bêtises à refaire » car l’interdit était clair.
Aujourd’hui, les parents se posent trop de questions : « Faut-il sanctionner ? Quand ? Comment ? Qui ? ».
Il faut savoir que c’est son boulot, à l’enfant, de faire des essais en attendant de savoir si c’est possible ou non. Tout simplement, c’est sa façon d’apprendre le monde dans lequel il vit.
Jean Epstein, prend pour exemple une section de « moyens » en structure collective petite enfance type multiaccueil et il en profite pour nous souffler que les inter-sections (ou au mieux les décloisonnements, c’est mieux). Donc vers 12-18 mois, l’enfant en section de « moyens » est dans une phase capitaliste, tout est à lui. Le fameux « c’est à moi ». Tous traversent cette période plus ou moins intensément et démonstrativement.
Je tiens à préciser que c’est laborieux de trouver un sens à mes notes, c’est vraiment parti dans toutes les directions.
La transition à ce niveau de ma compréhension se fera avec le rôle des adultes dans cette période sensible. C’est à dire d’aider l’enfant à supporter la frustration qui est inévitable. L’enfant se construit sur l’amour de ses parents en premier lieu, mais surtout sur le fait qu‘il a besoin d’être aimé tel qu’il estet non pas tel que l’adulte souhaite qu’il soit. C’est primordial. Jean Epstein parle d’IVF = interruption volontaire des fantasmes ; un enfant a besoin que l’adulte le sorte de son EGOcentrisme. Quand un enfant roi, auquel aucune limite, aucun interdit n’a été signifié, est maintenu dans sa phase de toute-puissance qui ne faiblit pas, cela peut conduire à des déviances tragiques telle que la construction d’un individu pervers narcissique.
Comment cela ? Didier PLEUX a écrit des ouvrages à ce sujet. Des études sont, actuellement, en cours pour montrer la corrélation entre l’enfant-roi et l’adulte pervers narcissique. Il s’agit d’une « maladie psychiatrique » (après plusieurs lectures, Il semblerait que les spécialistes soient en désaccord sur le terme maladie) qui touche 8 à 10% de la population française (autant de femmes que d’hommes, dans toutes les catégories sociales). Le « malade » se caractérise dans la jouissance à humilier l’autre. C’est une structure de personnalité de prédateur qui chasse ses proies. Une fois la proie ferrée, elle est isolée de son entourage familial, amical, professionnel…puis vient le harcèlement, les humiliations. L’autre n’est rien et le pervers se place toujours en victime. En résumé, le pervers narcissique dupe tout son entourage, même ses enfants. Précision : tous les pédophiles sont des pervers narcissique, l’enfant constituant un objet.
D’où l’importance, dans la petite enfance, de jouer et de perdre, d’apprendre que l’échec fait partie de la vie. Or si un enfant n’entend jamais d’interdit, n’expérimente pas le refus, l’essai-échec, il peut rester dans une toute-puissance destructrice.
Jean Epstein parle de 9 apprentissages de la petite enfance avec une session de rattrapage à l’adolescence. Il les développe dans son écrit à destination des assistants maternels (c’est un grand fan des asst mat):
Selon lui : « tout se joue avant la mort, ou presque…pour les croyants » (clin d’œil à Dodson). Contrairement à la légende selon laquelle l’adolescent est en crise, Jean Epstein pense que ce qui caractérise l’adolescent c’est d’être double : enfant et adulte. Il peut se lever adulte, se coucher enfant et inversement. L’adolescent traverse une période de paradoxe et de fragilité. Dommage que la société focalise son regard sur la délinquance car 3/4 des adolescents vont bien. Jean Epstein ne sait pas trop ce qu’est un adolescent, car il rencontre souvent des parents ado et des enfants adultes. L’adolescent fait des recherches, comme le bébé « capitaliste ». Il vérifie à nouveau les limites, il les repousse et attend la résistance des adultes sur ce qui est possible de repousser ou non. Et au passage, il vérifie qu’il a bien les parents « les plus nuls ».
C’est pareil pour la famille, elle n’est pas en crise, elle est en mutation, en progrès, en évolution. Jean Epstein évoque « radio nostalgie » avec humour s’agissant des « grands-parents d’avant ». Or, des statistiques montrent qu’en 1960, 5% des enfants avaient leurs 4 grands-parents vivants, en 1980/47% et en 1990/61%. Ceux qui regrettent la « disponibilité des grands-parents d’avant » oublient qu’ils étaient la plupart décédés. Aucune comparaison n’est possible avec aujourd’hui : les grands-parents sont actifs. Le rôle des grands-parents a évolué, souvent il s’agit d’une session de rattrapage des figures paternelles toute-puissante/casse-pieds qui deviennent des grands-père ultra-cool. Le rôle essentiel des grands-parents c’est de ne pas être les parents.
Le souci de la famille d’aujourd’hui, c’est qu’elle est isolée. D’où la nécessité pour les professionnels de la petite enfance de faire passer de l’information pour que les parents se sentent compétents. Notre mission est de valoriser leur rôle et leur place. Les parents d’aujourd’hui sont des pionniers. Le père, par exemple, a plus d’autorité dans le jeu que dans l’autoritarisme. Le père gagne plus lentement mais sûrement son autorité en jouant. La place de l’enfant n’est pas centrale. Le rôle de l’enfant est d’être l’enfant de ses parents et en aucun cas un copain, un conjoint, ni un parent. J.Epstein aime à rappeler que l’enfant est chez nous, il n’est pas chez lui. Il a certes, sa chambre, mais dans notre espace. Si l’enfant est au centre, il devient difficile de sanctionner.
Jean Epstein illustre son propos avec cette anecdote : il a été interviewé par une journaliste enceinte, fière de lui apprendre que c’était son fils aîné qui avait choisi le prénom de sa sœur à venir. Il avait aussi assisté aux échographies (depuis c’est interdit). En discutant avec lui, Jean Epstein avait appris que ce n’était pas une petite sœur mais une fée que sa mère attendait : la fée « Tus ». Il avait entendu l’échographe parler de fœtus.
Je m’arrête là pour cette première partie. Je pense que si ça devient trop long, je modifierai les écrits déjà parus en faisant des ajouts. Je travaille sans trop de méthode. Merci de me pardonner ces hésitations. A bientôt pour la suite.
Pas encore dans le passé de la profession. J’aborderai l’historique une autre fois…mais un petit saut dans le passé, si proche, de mon expérience.
Avant la fin de la formation quand les ex-assedics ont annoncé la ‘fin de droits’, il a fallu pallier le manque. Sans le diplôme c’est compliqué de travailler dans le secteur de la petite enfance et puis surtout c’est incompatible avec la formation. Donc j’ai cherché et j’ai trouvé ‘intervenante éducatrice à domicile‘ à temps partiel. Le terme me semblait bien plus sérieux que ‘garde d’enfants’ et plus professionnel que baby-sitting !
Première expérience avec de la théorie. Il ne s’agissait plus de « baby-sitter » avec le seul bon sens comme bagage. Je passais à une pratique sur le terrain, chez les particuliers, dans les familles. J’en ai rencontré plusieurs, les expériences ont été très enrichissantes.
Tous les foyers fonctionnent différemment, cette diversité m’a permis d’appréhender le cocon familial et l’intimité en gardant scrupuleusement une distance, celle de ma profession. Des liens se sont tissés et perdurent, c’est gratifiant.
Le côté moins agréable, c’est un peu comme le ressenti des assistant(e)s maternel(le)s : l’isolement, le manque de collègues, l’absence d’analyses de pratiques, le recul nécessaire. Quand on travaille chez les familles, le RAM ne propose rien, c’est regrettable. On se sent seul et en cas de fatigue, il n’y a pas de relais possible.
Le côté vraiment intéressant c’est qu’il n’y a aucune de journée-type. C’est une liberté. Il y a les repères bien installés de l’enfant à respecter : heures de repas et siestes…et le reste du temps c’est selon l’enfant, l’humeur, la météo et ce qui est à notre disposition.
Cela va de :
la promenade, les joies du parc, de l’aire de jeux, en passant par
des activités variées : dessin, peinture, pâte à modeler, puzzle, lecture…
C’est un peu comme en structure collective mais avec 1, 2 ou 3 enfants, donc une observation bien plus ciblée et attentive ainsi qu’une disponibilité entière selon les besoins de l’enfant, son rythme et ses envies.
J’avais choisi délibérément de travailler pour une association, après avoir eu plusieurs entretiens directement avec des familles et avec des entreprises de gardes à domicile. Le souci c’est que le métier d’éducateur de jeunes enfants est vraiment mal connu alors quand j’entendais l’énumération des tâches à accomplir pendant ma présence dans les familles, je pensais faire un mauvais rêve, un cauchemar même !
Petit rappel : l’EJE est formé à l’accompagnement des jeunes enfants dans leur quotidien avec pour mission essentielle- par le jeu, les événements d’une journée et les activités d’éveil- de leur permettre de s’épanouir et de s’initier à la vie en société. Ce qui demande patience, disponibilité totale et créativité.
Quand une famille me disait « mais que ferez-vous pendant sa sieste ? » Je répondais « avez-vous déjà passé une journée entière avec l’enfant de quelqu’un d’autre ? N’avez-vous jamais eu besoin, vous aussi, de vous poser, de penser aux activités à proposer, de lire éventuellement sur la petite enfance ou même de ranger les jeux d’une activité précédente ? ». En général, ce n’était guère apprécié, mais au moins c’était clair.
Les familles qui demandent à ce que les « gardes d’enfants » gèrent la maison, fassent le ménage de fond en comble tout en s’occupant d’une fratrie de 3 à 5 enfants, voire plus…le tout pour un smic, sont vraiment mal informées sur le cadre légal des différents métiers. Être aide-ménagère, être nurse (ou nounou d’enfer !) sont des métiers autres que celui d’éducateur de jeunes enfants.
Je ne suis pas contre le ménage en tant que tel. A domicile, j’ai toujours veillé à ce que l’enfant évolue dans un environnement sain et fait en sorte de laisser les lieux propres durant ma présence. Mais de là à exiger que je fasse un autre métier le tout pour un seul salaire, franchement, NON ! C’est vital de conserver des limites et de les défendre.
Aujourd’hui, des entreprises de « gardes d’enfants à domicile » font l’effort de dissocier les deux fonctions : garde à domicile et aide au ménage. Si une personne se sent capable de faire les deux, elle est en droit de demander un salaire en proportion des services fournis.
Voilà pour mes premiers pas de professionnelle, dans un autre milieu, mais avec le public attendu. C’est pour moi ce qui comptait à l’époque et puis il fallait bien remplir le caddy…et si en prime mes compétences pouvaient servir à des familles… alors je l’ai fait, sans aucun regrets.
Guider c'est montrer les pistes. "Chacun sa route, chacun son chemin". La solution est en chacun de nous.